"Je suis énormément soulagé puisque c’est ce que je dis depuis trois semaines. Enfin, on me croit". Invité en exclusivité sur Europe 1 lundi matin, Eric Woerth a fait part de sa satisfaction après la publication, dimanche, du rapport de l’Inspection des Finances qui le dédouane de tout soupçon. Dans son rapport, l’IGF affirme que l’ancien ministre du Budget n’a jamais demandé ou empêché un contrôle fiscal sur Liliane Bettencourt.
"L’IGF ne va pas chercher ses ordres"
Eric Woerth juge "scandaleux" ceux qui doutent de l’objectivité de ce rapport réalisé "de manière extrêmement détaillée, rigoureuse", selon lui. "C’est une instruction médiatico-politique qui est systématiquement à charge". "L’IGF ne va pas chercher ses ordres vers ceux dont elle dépend administrativement. Dire cela est insultant à l’égard des inspecteurs des finances qui ont mené cette mission", a martelé l’ancien ministre du Budget.
A ceux qui rétorquent que le ministre aurait pu intervenir oralement, Eric Woerth a ironisé, visiblement agacé, à propos de ceux "qui ne connaissent rien à la procédure". Comment voulez vous donner une instruction orale à l’administration fiscale ? A un moment donné, il y a toujours une trace" a t-il assuré. Que ceux qui traînent dans la boue soient aussi mis en accusation. On est dans une démocratie, on ne peut pas dire n'importe quoi sur n'importe qui", a conclu le ministre.
Démissionner ? "Je verrai"
Pour la première fois depuis le début de la polémique, Eric Woerth a évoqué l'hypothèse d'une démission de son poste de trésorier de l'UMP, jugé incompatible par l'opposition avec sa fonction de ministre du Travail. A la question de savoir s'il l'envisageait, le ministre a répondu: "Je verrai. Je vais y réfléchir", sans préciser les délais dans lesquels il pensait prendre cette décision. "J'avais besoin des conclusions" du rapport de l'Inspection générale des finances, a-t-il précisé.
"Chapeau à Nicolas Sarkozy"
Eric Woerth a également rendu un hommage appuyé au chef de l’Etat, qui devrait évoquer l'affaire au cours de son intervention télévisuelle, lundi, sur France 2. "Le président m'a soutenu avec force, ce n'a pas été le cas de tous les présidents avec tous les ministres. Je dis chapeau à Nicolas Sarkozy", a lancé le ministre.
Au centre de la polémique depuis trois semaines, Eric Woerth est soupçonné de financement politique illégal depuis les accusations, la semaine dernière, de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt. Selon Claire Thibout, le ministre aurait reçu 150.000 euros en espèces pour financer la campagne présidentielle de 2007, ce qu'il dément.
L'opposition lui reproche aussi une collusion d'intérêt entre son ancienne fonction de ministre du Budget et celle - toujours actuelle - de trésorier de l'UMP. Enfin, troisième grief : un potentiel conflit d'intérêt entre ses fonctions ministérielles et les activités de son épouse, Florence, qui travaillait jusqu’à sa démission dans la société Clymène, chargée de gérer la fortune personnelle de l’héritière de l’Oréal.