D’un côté, il y a la photo : Hollande accueilli après sa victoire par Aubry, promettant "l'unité, le rassemblement, un Parti socialiste solidaire". Et de l’autre côté, il y a les pro-Hollande qui fulminent, réclamant, dès dimanche soir, un rééquilibrage au Parti socialiste entre Aubrystes et Hollandais.
Pour poser le décor, il faut rappeler que, durant la campagne de nombreux membres de la direction du PS s'étaient rangés derrière la candidature de Martine Aubry, notamment Benoît Hamon le porte-parole du parti. Aujourd'hui les pro-Hollande disent craindre que cela ne gêne leur candidat engagé dans la course à la présidentielle.
Dray demande "un rééquilibrage"
C'est Julien Dray qui est d'abord monté au créneau. Quelques heures après l’annonce par Martine Aubry de son souhait de retrouver la tête du parti, le député socialiste, soutien de François Hollande, plaidait, face caméra sur i-Télé, pour "un rééquilibrage à l'intérieur de la direction du PS" pour permettre "l'osmose" entre le parti et le candidat du PS à la présidentielle.
Le député de l'Essonne en est persuadé : "la campagne, elle se dirige depuis le parti". La leçon de 2007, "c'est qu'il faut qu'il y ait osmose entre le candidat et la direction du parti. Il ne peut pas y avoir deux équipes en concurrence", a martelé l'ancien conseiller de Ségolène Royal à la dernière présidentielle, insistant encore lundi matin : "C'est au début que ça se passe, il faut mettre en place tout de suite un état d'esprit".
Un point de vue partagé par le sénateur François Rebsamen et l’eurodéputé Stéphane Le Foll, organisateur de la campagne de François Hollande. Il estime, lui aussi, que la direction du PS ne peut "rester en l'état".
Hollande avisera "après la convention d'investiture"
"On ne va pas se mettre la pression, on va regarder tout ça avec calme et sérénité" mais "de toutes façons, il faudra qu'on ait une discussion sur le parti et le secrétariat national", a-t-il indiqué à l'AFP, assénant : "la question du secrétariat national est essentielle, c'est l'organe d'exécution dans le parti, il faut qu'on ait un secrétariat qui nous permette de travailler en cohérence" alors qu'on "s'engage dans une campagne présidentielle".
Cette articulation entre le candidat et le PS "se fera en bonne intelligence avec le parti", a, lui-même, promis François Hollande. "C'est après la convention d'investiture", samedi prochain, "qu'il faut reprendre des forces, réfléchir à une organisation. Il va falloir créer une équipe de campagne. Il ne faut pas le faire dans la précipitation. Il faut mesurer les avantages et les inconvénients des formules qui ont pu exister jusqu'à présent", a-t-il expliqué sans donner plus de précision.
Mais, il n'y aura "pas deux campagnes", celle du candidat et celle du PS, ni "une campagne avec double commandement", a-t-il encore insisté.
Chez les Aubrystes, les avis sont partagés
Côté Aubry, la question n’amuse pas. Interrogé par Europe1.fr sur l’éventualité d’un possible "rééquilibrage au sein du parti", Benoît Hamon s’est fait laconique dimanche soir : "Voyez cela avec François Hollande".
Mais lundi matin, Harlem Désir, redevenu numéro 2 du Parti socialiste, jugeait, lui, "normal et même nécessaire d'élargir la direction du parti à l'équipe de notre candidat François Hollande"."Pour affronter cette campagne, il faut que les postes fonctionnels soient renforcés avec de nouveaux responsables", ajoutait-il.
Martine Aubry, battue avec 43,62%, reprend, ce lundi, ses fonctions à la tête du PS. Elle avait mis en suspens cette fonction après avoir annoncé sa candidature le 28 juin dernier.
Le premier bureau national du PS consécutif à la désignation du candidat se tiendra mercredi après-midi et non pas mardi après-midi, comme prévu.