Rama Yade, qui était ambassadrice de France à l'Unesco depuis décembre 2010, a présenté sa démission au ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, d'après les informations recueillies par Europe 1. Une démission confirmée à l'AFP par l'intéressée, qui a déclaré avoir fait "le choix de la liberté et de la cohérence". Sa démission sera effective en juillet, a précisé jeudi le Quai d'Orsay.
"J'ai écrit au président de la République il y a quelques jours", a expliqué Rama Yade. "Je lui ai dit que j'étais disponible pour discuter du jour où je peux quitter mes fonctions sans que cela nuise aux intérêts de la France vis-à-vis de l'Unesco, qui est une organisation fantastique", a-t-elle ajouté. Selon elle, Nicolas Sarkozy doit la recevoir "vendredi ou samedi".
Une demi-surprise
Tout porte à croire que Rama Yade a pris les devants formalisant une rupture déjà consommée. Elle avait déjà été solennellement recadrée en avril dernier par le porte-parole du gouvernement François Baroin, qui avait rendu compte à la presse des travaux du Conseil des ministres. Le ministre avait affirmé que Rama Yade devait respecter ses obligations de réserve si elle voulait "poursuivre" sa carrière d'ambassadrice à l'Unesco.
En début d'année, Rama Yade avait déjà été convoquée par Hervé Ladsous, le directeur de cabinet d'Alain Juppé, pour lui rappeler qu'un ambassadeur est tenu à un devoir de réserve. Le ministre des Affaires étrangères lui avait répété la même chose : "il faut choisir".
S'"investir totalement" auprès de Borloo
"On est en train de s'organiser avec Jean-Louis Borloo pour la campagne électorale de 2012. Je souhaite m'engager librement et totalement à ses côtés, en ayant du temps", a par ailleurs affirmé Rama Yade. "Je vais être intégrée dans le dispositif beaucoup plus officiellement, en jouant un rôle particulier. Il est important pour moi de m'investir librement, totalement, auprès de Jean-Louis Borloo", a-t-elle insisté.
Le président du parti radical, Jean-Louis Borloo, a salué de son côté mercredi soir "le courage et l'honneur" de Rama Yade. "On va faire une super équipe ! Son engagement auprès de moi m'oblige encore plus", a-t-il ajouté.
Après son limogeage du gouvernement en novembre 2010, Rama Yade, ex-secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme puis aux Sports, avait publiquement exprimé son désaccord avec la ligne politique de l'UMP qu'elle a ensuite quitté pour rejoindre le Parti radical de Jean-Louis Borloo. En avril dernier, Rama Yade avait déclaré qu'elle n'était "pas du tout inquiète" quant à l'éventualité d'être privée de son poste d'ambassadrice auprès de l'Unesco, en assurant qu'elle "existai(t) avant" et qu'elle "existerai(t) après".
Un avenir politique ouvert
Après avoir populsé Rama Yade en plein lumière en 2007, un nouverau visage dont il été à l’époque très fier, Nicolas Sarkozy est aujourd’hui lassé, voire amer à son endroit. "Elle a été deux fois ministre, deux fois le Président lui a fait confiance", confie un des proches de Nicolas Sarkozy à Europe 1. "Et elle n’a pas su se montrer à la hauteur de réussite qu’elle aurait pu incarner."
Reste qu’à 34 ans, après voir occupé deux poste gouvernementaux et s’être consituté une populairté solide à coup de bravades et de critiques à l’encontre de son mentor, Rama Yade a devant elle un avenir politique ouvert. Et, avec son habile coup de com', un rôle d’opposante sur mesure aux côtés Jean-louis Borloo.
La majorité agacée
Forcément, le départ de Rama Yade ne plaît pas au sein de la majorité. "Par deux fois, Nicolas Sarkozy lui a fait confiance en la nommant au gouvernement. Sans lui, Rama Yade serait inconnue de l'opinion", rappel à Europe 1 un proche conseiller de Nicolas Sarkozy. Pour Nadine Morano, la manouvre politique ne fat guère de doute. "Elle démissionné avant d'être démissionnée", a déclaré la ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle sur France info. "Elle n'avait pas d'autre choix, dès lors qu'elle ne respectait pas le devoir de réserve comme ambassadeur." Enfin, pour la président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, "ce qui est plus préoccupant dans ce départ, c'est qu'il s'inscrit dans une division de la majorité", a-t-il regretté sur BFM-TV.
Xavier Bertrand s’est lui aussi montré agacé. "Elle a fait un choix. Mais je dis juste une chose : il ne faut pas se tromper. Rama Yade et Jean-Louis Borloo ne deviennent pas du jour au lendemain des adversaires politiques. Ce que je leur dis aussi, c’est que les électeurs veulent que la majorité soit dans l’action. La majorité n’a pas envie de division", a déclaré le ministre de la Santé à Europe 1. "La remarque que j’entends beaucoup en ce moment, c’est de dire : ‘mais, Jean-Louis Borlolo, pourquoi serait-il candidat, alors qu’il a été ministre avec Nicolas Sarkozy pendant toute ces années ?’ C’est une question de bon sens."