Après l’avocat ultra-médiatique Gilbert Collard, une autre personnalité apporte désormais sa contribution au chemin du Front national vers la respectabilité politique. Yves Bertrand, ancien patron des Renseignements généraux, connus pour ses célèbres cahiers, saisi dans le cadre de l’affaire Clearstream, appelle dans un entretien paru samedi sur le site causeur.fr à en finir avec la dédiabolisation de Marine Le Pen. Mieux, ou pire selon les points de vue, l’ancien haut-fonctionnaire estime que la droite traditionnelle doit s’associer avec le FN pour les scrutins à venir.
"Des accords en cas de triangulaires"
"Marine Le Pen est quelqu’un de respectable et elle devrait pouvoir participer pleinement au débat politique. Elle est victime d’une diabolisation injuste et absurde à cause de son nom", assène Yves Bertrand. "Elle est née en 1968. Qu’a-t-elle à voir avec la Seconde guerre mondiale ou la guerre d’Algérie ? Elle a exclu des gens qui tenaient des propos antisémites et elle a eu raison. Elle est républicaine. C’est pourquoi, je le répète, il faut en finir avec la politique dite du ‘cordon sanitaire’."
Yves Bertrand, qui se définit comme "chiraco-villepiniste", refuse toutefois de dire qu’il votera pour la fille de Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle de 2012. "Mon vote n’a rien à voir avec tout ça", assure-t-il. "Je suis un homme libre et j’attends l’évolution de la campagne pour faire mon choix." Il estime toutefois que le Front national est un "parti de droite", avec tout ce que cela sous-entend. "Je suis favorable à l’introduction de la proportionnelle. Et si on ne le fait pas, il devrait y avoir des accords en cas de triangulaire. Si cela avait été le cas, la gauche ne dirigerait pas 21 régions sur 22", argumente-t-il.
Critique du système Sarkozy
Enfin, Yves Bertrand rejoint Marine Le Pen sur la critique de Nicolas Sarkozy. L’ancien des RG n’est en effet pas tendre avec le chef de l’Etat. "Après avoir quitté le gouvernement pour diriger l’UMP et se présenter à l’Elysée, il m’a ‘convoqué’, pardon ‘invité’, à le rencontrer à deux reprises. Il était très en colère, à sa façon que vous connaissez", raconte-t-il. "Il s’agitait, mangeait des chocolats et voulait absolument me faire dire que j’avais participé à la falsification du listing Clearstream, ou même que j’en étais l’un des initiateurs. Ce qui est totalement faux", ajoute l'homme aux cahiers.
Au-delà de cet exemple, c’est tout le système Sarkozy qui est visé. Selon Yves Bertrand, "les autres présidents déléguaient. Tout ne remontait pas à l’Elysée. Et les affaires les plus troubles étaient traitées par des officines. Aujourd’hui, ce sont les services de l’Etat qui sont mobilisés pour défendre le clan au pouvoir".