Le compte à rebours est lancé ! Dans 100 jours exactement, les Français seront invités aux urnes pour élire le huitième président de la Ve République. Les deux tours de scrutin de l’élection présidentielle, la onzième depuis 1958, auront lieu les dimanches 23 avril et 7 mai, avant une seconde séquence électorale, un mois plus tard, les 11 et 18 juin, avec les législatives en vue de la constitution d’une majorité à l’Assemblée nationale.
Le corps électoral. Preuve de l’intérêt des Français pour cette présidentielle, temps fort de la vie politique française, les inscriptions sur les listes électorales ont bondi en 2016. Pour la seule journée du 31 décembre, date limite pour s’inscrire sur les listes en vue de 2017, 49.576 personnes ont envoyé une demande en ligne, selon les chiffres de la Direction de l’information légale et administrative. Au 1er mars 2016, l’Insee estimait le corps électoral à 44.834 000 personnes, soit 1% de plus qu’en 2012.
La chasse aux parrainages. Une centaine de candidats ont déclaré leur candidature, même si une petite quinzaine de poids lourds de la politique occupent largement le devant de la scène. Les 500 signatures d’élus, répartis dans au moins 30 départements différents, sont un préalable obligatoire à toute validation de candidature depuis 1981, devant permettre un écrémage entre les candidatures fantaisistes et les plus crédibles. Les prétendants à la succession de François Hollande ont jusqu’au 17 mars pour déposer la liste de leurs parrainages au Conseil constitutionnel.
Pour les candidatures hors parti, la chasse aux signatures peut s’avérer être un véritable casse-tête, qui se règle parfois dans la dernière ligne droite. "Les 500 signatures sont la dernière chose qui reste au PS pour se débarrasser de moi", avait lancé fin août Jean-Luc Mélenchon, candidat de la "France insoumise" sur BFM TV. Jeudi, l'ancien sénateur a finalement annoncé disposer de 517 parrainages. Le FN, qui tire souvent la sonnette d’alarme en la matière, mais qui a toujours réussi à candidater depuis 1988, devrait passer cette étape sans difficulté cette année, puisque son nombre d’élus a sensiblement augmenté depuis 2012.
La surprise François Fillon. La nouveauté de la campagne par rapport à 2012 est la tenue d'une primaire à droite. À l'époque seuls EELV puis le camp socialiste, rejoint par le PRG, s’étaient prêtés à l’exercice. Avec 66,49 % des voix, François Fillon a été désigné en novembre 2015 candidat de la droite et du centre par un scrutin qui a mobilisé plus de 4 millions d’électeurs. Une surprise de taille quand les enquêtes d’opinion présentaient depuis plusieurs mois Nicolas Sarkozy et Alain Juppé comme les deux grands favoris.
À gauche, une primaire de dernière minute. Longtemps suspendus à la décision de François Hollande, les socialistes ont dû attendre le renoncement du chef de l’Etat, le 1er décembre, avant de se jeter dans le vif d’une primaire qui, sous la bannière de la Belle Alliance populaire, réunit le Parti écologiste issu de la fracture avec EELV, le Front démocrate de Jean-Luc Bennahmias et le PRG. Les sept candidats officiellement en lice ont entamé un véritable marathon médiatique avant le vote des 22 et 29 janvier. Manuel Valls (36%), Arnaud Montebourg (23%) et Benoît Hamon (21%) caracolent en tête des intentions de vote chez les sympathisants de gauche, selon un dernier sondage Kantar Sofres-OnePoint publié dimanche. Au second tour, l’ancien chef du gouvernement pourrait chuter face à Arnaud Montebourg (53%).
Macron bouleverse le jeu. Certes, le coup de théâtre de la primaire de la droite et du centre a rappelé que les sondages étaient à considérer avec précaution. Néanmoins, à un peu plus de trois mois du premier tour, plusieurs enquêtes dressent des scénarios assez similaires. Pour l’heure, le candidat désigné par la primaire qu’organise le PS, quel qu’il soit, ne passe pas la marche du second tour, éclipsé par la percée de Jean-Luc Mélenchon et surtout par Emmanuel Macron. L’ancien protégé de François Hollande, qui braconne sur les terres socialistes depuis plusieurs semaines, finit sur la troisième marche du podium. C’est Marine Le Pen qui domine de justesse ce premier tour (25 à 26%), talonnée par François Fillon (24%), chez BVA. Au second tour, l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy l’emporterait très largement avec 63% des intentions de vote, toujours selon la même enquête.
>>> Lire aussi : Présidentielle : 2017, l'année du grand doute