Le nombre de récipiendaires de la Légion d'honneur sera fortement réduit à compter de 2018 et les futures promotions devront "ressembler à ce qu'est la France" et tenir compte des critères de parité et de "rajeunissement", a expliqué jeudi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Les nouvelles modalités d'attribution de cette décoration vieille de 215 ont été présentées en Conseil des ministres jeudi.
Pas "à l'usure" ou "par copinage". Pour la période 2018-2020, le nombre de décorés civils sera ainsi réduit de 50%, ceux des décorés militaires de 10% et de 25% respectivement, a-t-il précisé. "Le président de la République a voulu retrouver l'esprit de la Légion d'honneur, cet ordre décidé par Napoléon". "On n'a pas la Légion d'honneur à l'usure" ou "par copinage", a résumé Christophe Castaner lors du compte-rendu du Conseil des ministres. Le chef de l'Etat veut le "respect plus strict des critères d'attribution et de ses valeurs fondamentales". "Seul le mérite doit être salué, pas la notoriété ou le service classique" de sa fonction, a poursuivi Christophe Castaner. "Dans l'attribution, l'habitude est une domination des mâles blancs de plus de 60 ans", a-t-il ajouté. Depuis 2008, une stricte parité hommes/femmes est respectée dans les promotions, selon une décision de Nicolas Sarkozy. Pour le chef de l'Etat, "redonner du sens" à cette décoration n'est "pas un sujet accessoire", a-t-il ajouté.
Abandon de l'automatisme. Désormais, 600 noms au maximum pourront être proposés. Déjà, lors de la promotion du 14-Juillet dernier, seuls 101 lauréats avaient été retenus par Emmanuel Macron, alors que 600 dossiers avaient été instruits. En outre, la nouvelle mouture prévoit de mettre fin aux décorations automatiques, notamment pour ancienneté (ambassadeur, ministre, militaires). Enfin, chaque citoyen pourra proposer un nom en fournissant un dossier. Une pratique qui existait déjà mais qui était tombé en désuétude et que le chef de l'Etat souhaite raviver.
Les cas Weinstein et Assad. Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière avoir entrepris des démarches pour retirer sa décoration au producteur américain Harvey Weinstein, accusé de viols, agressions ou harcèlement sexuels. Interrogé sur l'éventualité de faire retirer sa décoration au dictateur syrien Bachar el-Assad - l'un des nombreux chefs d'Etat étrangers honorés - Christophe Castaner a répondu que la Chancellerie "pouvait entendre" cette demande "légitime".