Les grandes manœuvres de l’après scrutin des européennes ont déjà commencé à droite de l’échiquier politique. Gérer la descente et l’atterrissage un peu rude redouté en ce trou d’air de fin de campagne, c’est la crainte du côté des Républicains.
Entre deux portes, on concède que l’effet Bellamy revient en boomerang sous l’effet de l’actualité. L’affaire Lambert et la législation anti-avortement en Alabama ont mis les questions de société à la Une, et les prises de positions personnelles de François-Xavier Bellamy ont créé un malaise selon certains responsables du parti. "On est repassé du philosophe au conservateur de droite. Dommage…", glisse l’un d’eux.
La stratégie de droitisation en question
Dans la dernière ligne droite, Laurent Wauquiez a réuni les élus et les a motivés : "Cette élection prépare les municipales", a-t-il averti. Des propos qui laissent les élus dubitatifs. Aux municipales, justement, on ne voudra surtout pas assumer l’étiquette LR, et voir Laurent Wauquiez intervenir dans une campagne locale, murmure-t-on. Une approche résumée ainsi par une source en interne : "On va avoir un président de parti assigné à résidence, rue de Vaugirard."
Au lendemain des élections européennes, la question de la stratégie et de la droitisation assumée par Laurent Wauquiez ne devrait pas manquer de se poser. Le contenu essentiellement identitaire de la campagne risque d’être pointé du doigt. D’autant que la droite a su exceptionnellement mettre ses divisions de côté pour soutenir la liste Bellamy.
>> De 5h à 7h, c’est "Debout les copains" avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici
Un fauteuil pour trois
Mais les divergences devraient réapparaître assez rapidement, car François-Xavier Bellamy est un nouveau concurrent pour de nombreux ténors de droite. Bruno Retailleau est déjà sur ce même créneau de la droite conservatrice façon Fillon. Avec Laurent Wauquiez, cela fait déjà trois pour un même fauteuil. Bruno Retailleau a déjà lancé des invitations pour réunir des militants en juin, tout comme Laurent Wauquiez qui a compris le danger. Et au Parlement européen, François-Xavier Bellamy ne compte pas rester inerte.
Tous constituent en tout cas des cibles de choix pour Édouard Phillipe, qui leur a trouvé un nom : "la droite Trocadéro". La formule a fait mouche au point d’être adoptée par les responsables de LR eux-mêmes. Elle rappelle le rassemblement de la droite conservatrice en 2017 place du Trocadéro, pour tenter de sauver la campagne de François Fillon, alors englué dans les affaires. En contrepoint, une autre approche a fait entendre sa voix lors du meeting parisien au Palais des Congrès, Porte Maillot. Gerard Larcher, Valérie Pécresse et Hervé Morin plaident pour une droite assumée mais capable de rassembler au centre sans déborder sur le Rassemblement national.
Après un temps d’unité, la droite s s’apprête à reprendre une activité normale : la division. Ce sera : la droite Trocadéro contre la droite Porte Maillot.