Deux salles, deux ambiances. Manuel Valls et Vincent Peillon ont réuni leurs troupes, mardi soir, à Paris, deux jours avant la date limite pour déposer leur candidature à la primaire de la gauche. L'occasion de compter les soutiens, montrer les muscles et envoyer quelques piques.
Tapis rouge pour le gouvernement chez Valls. Le casting était objectivement plus clinquant chez Manuel Valls, à la Maison de la Chimie. À 20 heures, 150 à 250 personnes, dont 70 à 150 parlementaires étaient présents. Et les ministres ont défilé façon tapis rouge : Jean-Yves Le Drian (Défense), Laurence Rossignol (Famille), Patrick Kanner (Sport), Ericka Bareigts (Outre-mer), Jean-Marie Le Guen (Francophonie) ou Harlem Désir (Affaires européennes) ont ainsi affiché leur préférence pour la primaire. "Il a la stature d'un homme d'État et c'est pour ça que je le soutiens", a expliqué Pascale Boistard, secrétaire d'État chargée des Personnes âgées et de l'Autonomie. Au total, l'ancien Premier ministre devrait déposer jeudi les parrainages d'une centaine de parlementaires devant la Haute autorité des primaires citoyennes, à Solférino.
Le principal, "c'est le vote populaire". Pendant ce temps, à la Gaîté Lyrique, qui accueillait Vincent Peillon, on remballait déjà. À la sortie, sur les 150 personnes que comptait l'assemblée selon l'entourage de l'ancien ministre, une vingtaine de parlementaires, dont deux anciens secrétaires d'État de François Hollande, Kader Arif et George Pau-Langevin. Pas de têtes d'affiches, mais là n'est pas l'important, a estimé le député peilloniste Eduardo Rihan-Cypel : "chacun soutient qui il veut. Ce n'est pas l'appareil socialiste qui va vous imposer un candidat, c'est le vote populaire." Une trentaine de parlementaires auraient décidé d'apporter leur parrainage à Vincent Peillon, selon ce dernier.
"Boules puantes". À 21h30, le clan de Manuel Valls est ressorti satisfait. Et n'a pas retenu une pique à l'égard de Vincent Peillon qui n'est, comme l'a révélé Le Canard Enchaîné, pas à jour de cotisation au Parti socialiste. "Ça m'énerve ce genre de truc", s'est agacé le député Hugues Fourage. "Il y a des règles internes au parti, donc chacun doit gérer en fonction des règles et les appliquer. C'est une question d'éthique personnelle, si vous voyez ce que je veux dire." Vincent Peillon, qui doit rembourser un peu moins de 20.000 euros, ne conteste pas. Mais il a aussi appelé à ne pas tomber dans l'"échange de boules puantes". "Si ça commence comme ça, c'est que certains sont fébriles", a ajouté son entourage. "Bienvenue en campagne", répondent les vallsistes en privé.