Le 7 mai, Marine Le Pen pourrait bien devenir présidente de la République. En attendant la réponse, à l'issue du second tour de l'élection présidentielle, la candidate FN bat la campagne pour convaincre les indécis. Sans occulter un autre chantier, capital : l'anticipation d'une éventuelle victoire. Marine Le Pen a-t-elle de quoi former un gouvernement ?
Des lieutenants FN aux allures d'entremetteurs. Si on lui pose la question, Marine Le Pen s'énerve en un rien de temps. Pour la candidate frontiste, c'est un sujet très sensible, mais aussi l'une de ses priorités. Marine Le Pen a missionné plusieurs de ses lieutenants pour prospecter. Depuis cet été, ils enchaînent les cafés, les déjeuners, les coups de fils avec la droite de la droite. Dans leur viseur figurent notamment Henri Guaino, Jean-Frédéric Poisson, Thierry Mariani ou encore Nicolas Dupont-Aignan… "Quand certains nous offrent des garanties, alors ils dînent avec Marine, et ça ne nous appartient plus", explique l'un de ces entremetteurs.
Des politiques qui "attendent le 7 mai pour sortir du bois" ? Cette technique a récemment permis de recruter un spécialiste des questions de Défense, l'ex-député UMP Jérôme Rivière. En interne, les mauvaises langues racontent qu'il a basculé avant la présidentielle, car on lui a proposé une circonscription gagnable dans le Var. "Tous les autres attendent le 7 mai pour sortir du bois", glisse un cadre du FN. Mais Marine Le Pen compte aussi sur ses jeunes fidèles, parmi lesquels Nicolas Bay, David Rachline, Florian Philippot ou encore Sébastien Chenu. Des politiques pur jus, rodés aux jeux médiatiques. Des hommes en quête de pouvoir, qui l'aident à professionnaliser le Front National pour gagner en crédibilité. Il y a quelques semaines, Marine Le Pen a voulu réunir ces ministres potentiels pour une discrète photo de famille… Ce cliché pourrait être publié avant le second tour. L'objectif est clair : montrer qu'elle ne serait pas seule aux affaires si elle était élue.
Qui pour occuper le poste au poste de Premier ministre ? La question du Premier ministre, elle, est complètement taboue. Personne au Front national n'ose en parler avec Marine Le Pen. "Il ne sera pas forcément issu du FN, mais j'ai déjà une idée en tête", avait affirmé la candidate frontiste cet hiver. Ce qui est sûr, c'est que sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, ne sera pas de la partie, pour ne pas être accusée de népotisme, mais aussi parce qu'elle la considère comme "trop inexpérimentée".
Empêcher la fuite de cerveaux. Marine Le Pen aura également besoin de hauts-fonctionnaires. Le mois dernier, les ambassadeurs de France au Japon et aux Etats-Unis ont prévenu qu'ils ne la suivraient pas. Et sous couvert d'anonymat, beaucoup de diplomates expriment leurs réserves. Alors, la candidate frontiste essaie, tant bien que mal, d'anticiper cette fuite des cerveaux. L'an dernier, elle a mis en place une structure sécrète baptisée "Les Horaces". Sa mission : préparer les premiers textes de lois, et trouver une centaine de hauts-fonctionnaires pour remplir les futurs cabinets ministériels. Mais de cela, il n'existe aucune preuve. Si ce n'est un porte-parole du groupe FN, Jean Messiha, aujourd'hui haut-fonctionnaire au ministère de la Défense, qui assure que "tout est prêt". "Même le futur secrétaire général de l’Elysée a été choisi", ajoute-t-il.
Difficile de dénouer le vrai du faux. Quoi qu'il en soit, dans l'équipe de Marine Le Pen, on est loin de la panique éprouvée par celle de Jean-Marie Le Pen, il y a quinze ans, jour pour jour, lors de son accession au second tour de l'élection présidentielle.