Un restaurant chic, à l'abri des regards dans le port de Saint-Brieuc. La police monte la garde. À l'intérieur se tient ce rituel immuable : le déjeuner présidentiel avec les élus locaux. Emmanuel Macron n'hésite pas à prendre tout le temps qu'il faut.
Rassurer, rassurer et rassurer. Mercredi, en visite dans les Côtes-d'Armor, le chef de l'État a passé près de 2h30 à table pour bichonner ses troupes. Les marcheurs sont légion en Bretagne : 24 des 27 députés de la région appartiennent à la majorité. Le président a besoin d'eux pour préparer la suite, un an après leur élection. Emmanuel Macron devait donc entendre leurs doléances sur les 80 km/h ou les dossiers locaux. Mais il avait aussi pour mission de rassurer après les mots qui ont pu diviser sur les aides sociales ou les migrants. La part la plus importante de ce travail de séduction concernait la future réforme des institutions. Et pour cause : les parlementaires vont devoir soutenir un texte qui supprime un tiers d'entre eux. "On nous demande d'être maso", grince un député, interrogé par Europe 1.
L'appel au joker. Alors c'est Stéphane Séjourné, conseiller politique de l'Elysée et homme de l'ombre, qui a été chargé de faire avaler la pilule. En compagnie d'Emmanuel Macron, il a rassuré et expliqué que les prochaines municipales vont aussi rabattre les cartes, et que tout le monde continuera de trouver sa place au sein de la majorité. Et voilà comment, discrètement, entre un bain de foule, une inauguration et un discours, chaque déplacement du chef de l'Etat prend un tour éminemment politique.
En sera-t-il de même jeudi ? Emmanuel Macron poursuit sa visite en Bretagne. Il a d'abord visité la criée du Guilvinec avec les pêcheurs, avant de donner un grand discours devant les élus locaux à Quimper en fin de matinée.