"Je fais ce que j'ai dit". Le credo d'Emmanuel Macron, encore asséné fin décembre sur France 2, a visiblement atteint ses limites. Le gouvernement a en effet décidé mercredi d'abandonner le projet d'aéroport de Notre-Dame des-Landes, alors que le candidat Macron s'était engagé à respecter le référendum validant sa construction. Mais l'émergence d'une nouvelle option documentée, expliquent ses conseillers, celle de l'agrandissement de l'actuel aéroport de Nantes, est apparue au couple exécutif comme une porte de sortie providentielle.
Insister sur le fait qu'une décision a été prise. Emmanuel Macron et Édouard Philippe vont assurément prendre des coups, et peut-être même perdre des points auprès de l'électorat de droite, qu'ils chérissent tant depuis le début du quinquennat. À vrai dire, ils s'y étaient préparés. "Quelle que soit la réponse, elle sera mauvaise", disait encore Édouard Philippe mardi devant les députés La République en marche. Désormais, il s'agit pour l'État d'insister sur le fait qu'une décision a été prise, que ce gouvernement a au moins le mérite d'avoir tranché, contrairement à tous les autres depuis cinquante ans.
Une option moins "coûteuse" que la construction. En réalité, ils ont opté pour la solution dont ils pensent qu'elle générera la polémique la moins longue. Certes, cette décision redonne un peu d'oxygène à la droite, mais le pouvoir a considéré que c'était acceptable, en tout cas moins "coûteux" que de décider de faire l'aéroport, ce qui promettait à la fois une évacuation de la Zad beaucoup plus compliquée et une incohérence flagrante avec le slogan "Make our planet great again", qu'Emmanuel Macron a encore étrenné il y a une dizaine de jours lors de son déplacement en Chine.
L'État a des arguments face à Vinci. Outre des conséquences politiques, cet abandon du projet va aussi avoir des conséquences financières non négligeables, puisque c'est le groupe Vinci qui devait construire cet aéroport. Les experts du rapport de décembre avaient expliqué que les clauses qui liaient l'État à Vinci prévoient jusqu'à 350 millions d'euros de pénalités. Une négociation va donc maintenant avoir lieu entre les deux parties, et l'État espère bien ne pas avoir à payer le maximum. Pour cela, il dispose de plusieurs arguments, puisque Vinci est globalement très dépendant de la demande publique. Il est concessionnaire de Nantes-Atlantique où il va donc y avoir des travaux importants. Surtout, le groupe lorgne de très près sur ADP (Aéroports de Paris), qui sera très prochainement privatisé. Bref, aucune raison pour Vinci de se brouiller avec l'État. "Comme nous l'avons toujours dit, aujourd'hui plus que jamais Vinci se tient à la disposition de l'État", a d'ailleurs réagi un porte-parole de l'entreprise, peu après l'annonce de mercredi.