Gérard Collomb a annoncé qu'il recevrait la semaine prochaine les syndicats policiers auditionnés mardi par la commission d'enquête du Sénat sur l'affaire Benalla et qui ont dénoncé "la confusion des rôles, l'ambiguïté des fonctions" de l'ex-collaborateur du chef de l'État et décrit les "relations exécrables" qu'il pouvait entretenir avec les forces de l'ordre. "Je vais recevoir les syndicats la semaine prochaine car ils ont été totalement troublés par ces événements. Je leur demanderai s'ils ont eu des problèmes avec Alexandre Benalla et je leur demanderai pourquoi ils ne m'en ont pas parlé avant", a déclaré le ministre de l'Intérieur, lui aussi mardi devant la commission d'enquête du Sénat.
"Personne ne m'a remonté les problèmes". "J'ai rencontré beaucoup de syndicats de police, de commissaires, personne ne m'a jamais fait remonter les problèmes", a complété le ministre de l'Intérieur qui a réaffirmé qu'il pensait qu'Alexandre Benalla était "un policier". Garde du corps ou conseiller du chef d'Emmanuel Macron ? "La confusion des rôles, des missions, l'ambiguïté des fonctions d'Alexandre Benalla, nous posent de graves problèmes, notamment sur la lisibilité des instructions qu'il pouvait donner à nos collègues", s'est ému Olivier Boisteaux, président du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) devant les sénateurs. "Il venait très souvent sur les services d'ordre, pour des debriefings. Les cadres de la préfecture de police le connaissaient comme une autorité", a assuré David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
Un comportement "exécrable" avec les policiers. Selon Fabien Vanhemelryck, secrétaire général adjoint du syndicat de gardiens de la paix Alliance, les relations entre Alexandre Benalla et les fonctionnaires de police sur le terrain "étaient exécrables". Au retour des Bleus de Russie, Alexandre Benalla aurait eu un comportement "autoritaire et déplacé" avec les gendarmes mais aussi les fonctionnaires de la police aux frontières à Roissy, a abondé David Le Bars. Selon le secrétaire général d'Unité-SGP, Yves Lefebvre, "Alexandre Benalla faisait régner la terreur au sein du GSPR (groupe de sécurité de la présidence de la République). Il allait jusqu'à l'insulte à l'égard des gradés et gardiens de la paix." "Il faut que ce soit des fonctionnaires de police ou des personnels de gendarmerie qui puissent exercer la mission régalienne qui consiste à protéger nos chefs", insiste David Le Bars. "A ma connaissance, il n'y a aucun vigile qui travaille au service du GSPR (...) Au sein du GSPR, il n'y a que des policiers et des gendarmes", a déclaré Gérard Collomb.
"Irresponsable" de vouloir en faire une "crise de régime" selon Le Maire. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a accusé mardi sur BFMTV les oppositions de vouloir faire de l'affaire Benalla une "crise de régime", ce qu'il a jugé "irresponsable". "Les oppositions n'ont jamais digéré la victoire d'Emmanuel Macron en 2017", qu'un "homme de 39 ans" jamais élu auparavant "puisse bouleverser le jeu politique comme il l'a fait et bouleverser leurs intérêts", a estimé le ministre. Selon lui, "ils le font parce qu'ils n'ont rien à proposer" pour résoudre "les problèmes des Français", "ils sont trouvé un os à ronger et ils le rongent jusqu'à la nausée". Il n'y a selon lui pas de crise politique, mais une "affaire" qui le "choque, comme tous les autres citoyens", et "qui désormais doit être jugée par la justice, qui sera examinée par la commission d'enquête du Parlement, et qui fera l'objet d'une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale".