Les députés de l’opposition l’attendent au tournant. Gérard Collomb est auditionné lundi matin par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, alors même qu’il a été établi qu’il avait eu connaissance des faits reprochés à Alexandre Benalla le 2 mai, soit le lendemain de la participation de ce proche d’Emmanuel Macron à une intervention de police contre des manifestants. "Le risque, c’est que monsieur Collomb serve de fusible dans cette affaire", estime pour sa part Marine Le Pen au micro de la matinale d'Europe 1. "En réalité, ceux qui sont censés devoir s’expliquer ce sont les membres du cabinet du président de la République. C’est l’Elysée qui doit apporter une explication, plus peut-être que le ministre de l’Intérieur", fait valoir la présidente du Rassemblement national.
"Une forme de police privée". Pour la fille de Jean-Marie le Pen, l’ascension fulgurante d’Alexandre Benalla, désormais suspecté d’usurpation de fonctions, est le fait du prince et les responsabilités dans cette affaire sont donc à chercher du côté des proches collaborateurs du président de la République. "Qui a souhaité faire de monsieur Benalla un sous-préfet, alors qu’il ne répond à aucun critère, même pas le critère d’âge, puisqu’il faut avoir 35 ans minimum pour être sous-préfet, et qu’il n’avait, à l’époque où cette demande a été faite, que 25 ou 26 ans ?" relève-t-elle.
"Qui a fait de lui un lieutenant-colonel de gendarmerie ? Est-ce que l’on a souhaité le nommer sous-préfet pour qu’il prenne la tête du GSPR, le groupement de sécurité de la présidence de la République ?", interroge la députée du Pas-de-Calais. "C’est-à-dire mettre quelqu’un qui n'a aucune qualité à la tête de ce qui aurait pu devenir, s’il en avait été responsable, une forme de police privée du président de la République", avance encore Marine Le Pen. Nommé comme consultant au sein d’une mission de travail de la gendarmer fin 2017, Alexandre Benalla avait reçu à cette occasion le grade, temporaire, de "lieutenant-colonel", a révélé Le Parisien. Un titre qui, au regard de son cursus, avait fait grincer des dents dans les rangs de la gendarmerie, signale encore la quotidien francilien.
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Le blocage de la majorité. Pour Marine Le Pen, cette affaire "dépasse le périmètre du ministre de l’Intérieur". Elle estime dès lors que la commission d’enquête doit élargir la liste des auditionnés, mais reproche à la majorité de faire blocus sur ce point. "Aujourd’hui, la liste de auditions n’est pas satisfaisante. Les députés En Marche bloquent pour éviter que nous puissions entendre, dans le cadre de cette commission d’enquête, des gens qui, évidemment, doivent être entendus", pointe-t-elle, en citant notamment le secrétaire général de la présidence ou encore le chef du commandement militaire de l'Elysée .
Tentative de dissimulation. "Il y a le sentiment pour les députés de l’opposition que l’on continue de dissimuler la responsabilité des uns et des autres. Ça me paraît une évidence", insiste-t-elle, alors même que le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a répété sur RTL lundi matin qu’ "il n’y a pas eu de dissimulation" dans cette affaire. "Ça, c’est la méthode Coué. Il ne suffit pas de dire qu’il n’y a pas eu de dissimulation, alors que tous les Français aujourd’hui savent, de manière évidente, qu’il y a eu une dissimulation du comportement de monsieur Benalla mais aussi de son parcours", lui répond la dirigeante du Rassemblement national.