Sept mois après son arrivée à la tête de Force ouvrière, Pascal Pavageau se retrouve sur la sellette et poussé à la démission après la révélation d'un fichier sur les dirigeants du troisième syndicat français, qui a déclenché une crise interne.
Berger (CFDT) l'incite à quitter son poste. "Je crois qu'il y a un malaise avec le secrétaire général de FO mais ça lui appartient (...). Lorsqu'on n'est pas conforme à l'éthique qu'on s'est fixée, il faut partir", a tranché lundi sur France Info Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.
La ministre du Travail "scandalisée". La veille, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, s'était dite "choquée et scandalisée par cette histoire de fichier indigne". Sans aller jusqu'à réclamer la démission du secrétaire général de Force ouvrière, la ministre a dit ne pas vouloir "travailler avec des méthodes comme ça". "On ne peut pas accepter que ce qui est Force ouvrière soit complètement déformé", a-t-elle ajouté lors de l'émission "Questions politiques" sur France Inter/France Info/Le Monde.
Poussé à la démission par son propre syndicat. Côté direction de FO, c'était silence radio lundi, jour de la traditionnelle réunion hebdomadaire du bureau confédéral, composé de la garde rapprochée de Pascal Pavageau (13 membres). Une autre réunion, cruciale et plus élargie (35 membres), doit se tenir mercredi. Cette dernière a été reportée par le secrétaire général au 29 octobre, affirme le site internet des Échos lundi, mais selon une source FO interrogée par l'AFP, elle va tout de même se tenir, "sans Pavageau s'il le faut". "La grande majorité des membres va demander sa démission", selon elle, "probablement dès mercredi".
Vendredi, Frédéric Homez, secrétaire général de la fédération métallurgie, a invité le numéro un de FO à prendre "lui-même la décision de démissionner". Selon une autre source interne interrogée par l'AFP, avec ce report, Pascal Pavageau espère organiser des pourparlers avec les "cadres qui ont été vexés par le fichier" interne. Celui-ci, dont l'existence a été révélée la semaine dernière par Le Canard enchaîné, affuble plus d'une centaine de responsables de FO de qualificatifs type "niais", "franc-maçon" ou encore "trop intelligent pour entrer au bureau confédéral".
Pavageau reconnaît "une belle connerie". Interrogé par le Dauphiné libéré vendredi, Pascal Pavageau a assuré ne pas avoir constaté que "ça perturbe" en interne. Au Canard enchaîné, il avait expliqué qu'il s'agissait d'une "belle connerie" et d'une "grave erreur".
L'éventuel intérim assuré par le bureau confédéral. Un éventuel départ du secrétaire général serait un coup dur pour FO, en campagne, comme les autres syndicats, pour des élections cruciales en décembre dans la fonction publique dont est issu Pascal Pavageau. L'intérim éventuel serait assuré par le bureau confédéral, selon les statuts, a expliqué une source FO.
Un moment crucial pour l'organisation. Des négociations importantes sont par ailleurs en cours, notamment sur l'assurance chômage et la réforme des retraites. Or, les révélations ont remis au goût du jour des divisions propres à FO : d'un côté les défenseurs d'une ligne "réformiste", basée sur la concertation avec l'exécutif, celle défendue par Jean-Claude Mailly, l'ancien numéro un du syndicat ; de l'autre, les partisans d'une ligne plus offensive, défendue par Pascal Pavageau, adepte de manifestations et d'alliances avec les autres organisations syndicales.
"Derrière cette histoire de caniveau, un bras de fer se joue sur la ligne politique de FO, entre les partisans de Pavageau et ceux qui veulent que FO se couche sur la réforme des retraites", assure une autre source FO.