Cauchemardesque. C'est le qualificatif sans doute le mieux approprié pour définir l'actuelle campagne de François Fillon. Comme si chacun était prêt à tirer sur le candidat des Républicains à la présidentielle... Mais que personne n'ose appuyer sur la gâchette. C'est l'analyse de David Revaud d'Allonnes, éditorialiste à Europe 1.
L'apparence d'un salon de thé, les Borgia en coulisses. Les couteaux sont sortis, mais ils sont encore cachés. Chacun fait assaut d’amabilité pour soutenir le candidat en difficulté, mais aiguise sa lame en cachette. C'est un peu l’ambiance "Arsenic et vieilles dentelles". En apparence, un salon de thé chic entre vieilles dames anglaises. Tout le monde reste bien poli et rangé derrière le soldat Fillon. En réalité, c’est les Borgia. Ou les Atrides. Il suffit d’un petit rien pour que ça vire au bain de sang.
Personne n’ose tirer le premier. Pourquoi personne n'ose tirer le premier ? Parce que personne ne veut apparaître comme celui qui a porté le premier coup, et causé la perte du candidat. Pourtant, il y a eu quelques voix, comme celle du député Georges Fenech, mais pas de ténors. Sommet de l’hypocrisie, tout le monde veut que Fillon abandonne, mais personne n’osera le dire publiquement. En attendant, la situation se dégrade de jour en jour.
François Fillon, pas "honnête" pour 72 % des sondés. Peut-être que les ténors de la droite ont raison de temporiser ? Peut-être aussi que la situation va s’améliorer ? C'est en tout cas loin d'être le chemin emprunté : selon un sondage IFOP pour le JDD, 72% des sondés considèrent que François Fillon n’est pas honnête et 68% ne souhaitent pas qu'il maintienne sa candidature. Maigre satisfaction : chez les sympathisants des républicains, 64% veulent toute de même qu’il reste candidat.
Tout le monde veut être candidat à la place du candidat. Si ses amis politiques l’épargnent, ça voudrait donc dire que personne ne veut prendre sa place ? Qu’ils sont tous loyaux, à droite ? Bien sûr que non ! Les poignards sont planqués, mais ils sont parfaitement aiguisés. Ça se bouscule en coulisses. Tout le monde veut être candidat à la place du candidat. François Baroin. Xavier Bertrand. Laurent Wauquiez. Alain Juppé, pourquoi pas malgré ses vives dénégations. On a même parlé du président du Sénat Gérard Larcher. Si Fillon se fait tuer par ses amis, ce sera la guerre de "tous contre tous".
La boîte de Pandore des ambitions est ouverte. Et la suite ? Soit le candidat Fillon arrive à temporiser. Compliqué car mardi, ce sera le retour de circonscription des députés, qui se seront fait incendier tout le week-end. Mardi toujours, la réunion de groupe risque d'être apocalyptique. Deuxième option : il craque. Et la boîte de Pandore des ambitions est ouverte. En résumé : soit la droite range les couteaux en attendant la prochaine bagarre, soit Fillon est éliminé. Et là, c’est parti pour le jeu de massacre. Ça va être sanglant.