Le ministère de la Justice exige des explications de la part du procureur de Nice mis en cause dans sa gestion controversée de l'affaire de la militante Geneviève Legay, blessée fin mars lors d'une manifestation, a-t-on appris vendredi soir auprès de la Chancellerie.
"Un retour rapide est attendu". La direction des services judiciaires du ministère "a saisi officiellement (vendredi) soir le procureur général d'Aix-en-Provence afin de convoquer le procureur de Nice" Jean-Michel Prêtre pour qu'il s'explique sur "un certain nombre de faits et notamment l'affaire Geneviève Legay", a précisé à l'AFP la Chancellerie qui confirmait une information de Mediapart. Selon la Chancellerie, "un retour rapide est attendu" au terme de la convocation du procureur de Nice, placé sous l'autorité hiérarchique du procureur général Robert Gelli.
Geneviève Legay, militante d'Attac âgée de 73 ans, a eu plusieurs côtes cassées et des fractures au crâne, lors d'une charge de policiers pour disperser une manifestation interdite de "gilets jaunes" à Nice le 23 mars. Le procureur avait indiqué le 29 mars qu'elle avait été poussée par un fonctionnaire de police, contrairement à ses premières déclarations."Au vu de l'analyse du procureur général et des explications de l'intéressé, la ministre Nicole Belloubet appréciera les suites à donner", a-t-on ajouté de même source.
Vive polémique. Dans cette affaire qui a ravivé la polémique sur les violences policières depuis la crise sociale des "gilets jaunes", le parquet de Jean-Michel Prêtre est notamment mis en cause pour avoir décidé de confier l'enquête sur les blessures de la septuagénaire à la sûreté départementale dont la cheffe est la compagne du commissaire chargé du commandement ce jour-là. Ce possible conflit d'intérêts avait été soulevé par le journal Nice-Matin puis mis en exergue par le site d'informations Mediapart. Ce à quoi le procureur Jean-Michel Prêtre a répondu qu'il était au courant de ce choix et que l'enquête avait été "bien menée" tandis que le procureur général a estimé qu'une telle décision n'était "pas illogique".
L'enquête sur les blessures de la militante a été confiée le 29 mars à des juges d'instruction de Nice, saisis d'une information judiciaire pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique". L'avocat de la militante Geneviève Legay, Me Arié Alimi en a sollicité le dépaysement. Après avoir refusé une première demande, le magistrat Robert Gelli a transmis jeudi une requête en ce sens au procureur général près la Cour de cassation. La plus haute juridiction judiciaire devra se prononcer.