Éric Woerth a été mis en examen mardi pour "complicité de financement illégal de campagne" dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a annoncé son avocat. Cette mise en examen de l'ancien trésorier de la campagne et actuel président (LR) de la commission des finances de l'Assemblée nationale découle d'investigations de la police anticorruption qui avait souligné, dans un rapport de septembre 2017, l'"ampleur de la circulation d'espèces" dans l'entourage du candidat de la droite, mis en examen en mars dans ce dossier.
Versements d'enveloppes aux collaborateurs. "Cette mise en cause se fonde sur l'identification de sommes en espèces, très faibles pour ne pas dire dérisoires au regard du coût d'une campagne présidentielle", a commenté Me Jean-Yves Leborgne dans un communiqué. Selon l'avocat, les enquêteurs reprochent à Eric Woerth le versement d'environ 11.000 euros aux collaborateurs de la campagne, pendant et après l'élection. Lui-même "a estimé de mémoire, 10 ans après les faits, à une trentaine de milliers d'euros les gratifications en espèces opérées après la campagne", ajoute l'avocat, en référence aux déclarations de son client devant les policiers en mai 2017. Eric Woerth et son trésorier adjoint, Vincent Talvas, avaient alors assuré qu'il s'agissait de récompenser les membres de l'équipe, via des enveloppes contenant de 200 à 2.000 euros.
De l'argent issu de dons anonymes ? Sur l'origine des fonds, ils ont soutenu qu'ils provenaient de dons anonymes par courrier : une explication jugée "captieuse" par les enquêteurs et démentie par d'autres témoignages. Cette mise en cause signifie que les juges estiment avoir fait le rapprochement avec les sommes qui, selon d'anciens dignitaires libyens et le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine, auraient été remises à Nicolas Sarkozy et à son entourage au nom du colonel Kadhafi. En novembre 2016, Ziad Takieddine avait affirmé avoir remis entre fin 2006 et début 2007 5 millions d'euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à Claude Guéant, son directeur de cabinet à l'époque, lui aussi mis en examen dans cette affaire.
"Est-il raisonnable de rapprocher ces faits, sans aucune preuve, des millions d'euros prétendument versés par Kadhafi ?", s'interroge Me Leborgne. "Eric Woerth conteste fermement ce raisonnement et s'insurge contre la poursuite dont il fait l'objet", poursuit l'avocat.