Un double attentat suicide revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a fait des dizaines de morts dont treize soldats américains à l'aéroport de Kaboul, exacerbant encore un peu plus la panique à quelques jours de la fin programmée des évacuations de personnes cherchant désespérément à fuir le régime taliban. Invité d'Europe Matin vendredi, Clément Beaune, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a indiqué que les évacuations vont se poursuivre jusqu'au bout et a tenu à rassurer sur une potentielle vague migratoire depuis l'Afghanistan dans les mois à venir.
Au total, 100.000 personnes ont été évacuées du pays depuis la prise de pouvoir des talibans. "Nous sommes quasiment à 3.000 en ce qui concerne la France, dont une majorité d'Afghans puisque nous avions anticipé pour nos ressortissants avec des vols en juillet et des opérations depuis mai pour les personnes qui avaient travaillé pour nous en Afghanistan", a détaillé le haut fonctionnaire. Après leur exfiltration, la France s'organise pour accueillir ces réfugiés sur son territoire. Pas moins de 150 d'entre eux sont notamment arrivés à Strasbourg jeudi. Un constat qui en inquiète certains, qui redoutent un afflux massif de migrants en France.
"Le pays qui protège le plus les Afghans"
"Il ne faut pas vivre dans le fantasme. Je ne crois pas que nous soyons à l'aube d'une déferlante migratoire sur l'Europe comme certains le disent pour jouer sur les peurs. Il ne faut pas faire peur aux Français. Le risque est plus grand aujourd'hui de voir des gens mourir parce qu'on ne les aide pas face aux talibans", a-t-il assuré. Selon lui, il s'agit surtout dans un premier temps d'organiser le mieux possible l'accueil. "Nous serons ouverts à un certain nombre -quelques milliers sans doute- d'Afghans en France et en Europe dans les mois qui viennent", a poursuivi le secrétaire d'État.
Il a également tenu à rappeler que la France est en règle générale le pays qui protège le plus et octroie le plus l'asile aux Afghans. "Avant même la chute du régime précédent, il y avait environ 10.000 demandes d'asile par an dans notre pays avec un taux d'acceptation de 80%. Ce sont souvent des militants, des gens qui ont risqué leur peau et qui parlent notre langue. Sans doute qu'il y en aura un peu plus dans les mois qui viennent mais c'est notre fierté et nous continueront", a jugé Clément Beaune.
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Enfin, s'il a estimé qu'il fallait éviter que des millions de personnes ne quittent l'Afghanistan dans les mois qui viennent, dans l'intérêt d'abord du pays en question, il a également insisté sur le fait que la priorité est pour l'heure de protéger les habitants menacés sur leur propre territoire. "Pour ces gens là, la France sera là".