Vers 18 heures samedi, cela faisait environ 10 heures qu'Emmanuel Macron arpentait le Salon de l'Agriculture au Parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris. Sorti de son déjeuner avec les interprofessions agricoles avec plus d'une heure de retard en fin d'après-midi, le président de la République devait encore rencontrer Edouard Bergeon qui a réalisé le film Au nom de la terre sur le mal-être des agriculteurs, un thème sur lequel il était attendu. Le record de sa visite de l'an passé d'une durée de quatorze heures semblait toutefois encore loin...
"Ce n'est pas l'Etat qui fait le revenu des agriculteurs"
Avant ce rendez-vous, Emmanuel Macron s'est offert un bain de foule dans les allées du salon et a été interpellé par un jeune producteur de lait. "Comme vous m'interpellez, je vous dis simplement une chose, ce n'est pas l'Etat qui fait le revenu de l'agriculteur. C'est pas vrai", a-t-il déclaré. "Non, on sait, mais ne serait-ce que nous défendre. Vous, vous partez peut-être pour cinq ans. Nous, on part pour quarante ans", lui a rétorqué le producteur. "Depuis trois ans, je n'ai pas chômé. J'ai lancé les Etats généraux de l'alimentation, on a passé des lois. On a fait bouger les choses. On n'a pas chômé, mais après il faut que dans chaque filière les gens s'organisent", a conclu le président.
Les "gilets jaunes" revendicatifs
Pour Emmanuel Macron, la journée s'est plutôt déroulée dans le calme, même si sa visite a été ponctuée de nombreux échanges avec des agriculteurs sur les retraites et leur pouvoir d'achat. Dans la matinée, le chef de l'Etat avait commencé sa visite par une discussion avec des représentants des principaux syndicats du monde paysan, avant de commencer la traditionnelle déambulation dans les travées du salon.
Ce sont les "gilets jaunes" qui se sont montrés les plus revendicatifs. Une femme, qui a dit participer à toutes les manifestations depuis le début de ce mouvement, s'est ainsi adressée au président. "Je me prends des grenades de désencerclement. Je vis la guerre tous les samedis. Mais les personnes qui sont agressives, ce sont les policiers !" "Chez nos forces de l'ordre, il n'y a personne qui s'engage pour être agressif", lui a répondu Emmanuel Macron. "Moi je les comprends, ils en peuvent plus mais nous non plus on en peut plus", a poursuivi la femme "gilet jaune" avant de lancer : "Vous ne recevez pas les gilets jaunes !"
Une rencontre qui serait une première
"On peut prendre vos coordonnées ? Vous faites un groupe et je reçois un groupe", a de nouveau répondu le chef de l'Etat. "D'accord, moi je vous donne mes coordonnées sans problème", a déclaré son interlocutrice. Cette réception à l'Elysée d'un groupe de "gilets jaunes" serait, si elle se confirme, une première.
Le gilet jaune Eric Drouet est présent au salon à quelques dizaines de mètres du PR. La sécurité lui demande de s’écarter. Refus. « On n’est pas des terroristes réplique l’entourage du GJ #GiletsJaunes#SIA2020@Europe1pic.twitter.com/PSQS1JXzr8
— Jean-Rémi Baudot (@jrbaudot) February 22, 2020
Quelques minutes plus tard, l'une des figures des "gilets jaunes" Eric Drouet a été expulsé du salon alors qu'il tentait de se rapprocher du président de la République. "C’est ça, votre président ?", s'est agacé Éric Drouet en étant repoussé par le service d’ordre.