Emmanuel Macron a affirmé lundi soir à sa majorité qu'il fallait regarder le sujet de l'immigration "en face" et ne pas être "un parti bourgeois" car ce sont les classes populaires "qui vivent avec" et ont migré vers l'extrême droite. Gilles Le Gendre, président du groupe La République En Marche (LREM) à l'Assemblée nationale, était au micro d'Europe 1 mardi pour réagir à ces propos.
A 15 jours d'un débat, appelé à devenir annuel, sur l'immigration au Parlement, le chef de l'Etat a fixé lundi soir le cap à la majorité et au gouvernement : "Nous n'avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet en face".
"Ce qui est important, c'est que nous mettions fin à 30 ans d'inefficacité de politique migratoire", assure Gilles Le Gendre, invité mardi soir d'Europe 1. "Les immigrés qui entrent sur notre territoire et qui ont vocation à y rester sont mal traités. De plus, l'incapacité à gérer les flux créé des situations difficilement supportables dans certains parties de notre pays et auprès d'une certaine partie de nos concitoyens".
L'Aide médicale d'État a "quelque chose de sacré"
Pour le président de la République, l'une des priorités est de renouer avec les classes populaires après la crise des "gilets jaunes" qui a ébranlé le pouvoir. Il a demandé à son camp de "savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas", selon Gilles Le Gendre. En expliquant que les bourgeois n'avaient "pas de problème" avec l'immigration car "ils ne la croisent pas" alors que "les classes populaires vivent avec".
L'un des sujets les plus évoqués concernent l'Aide médicale d'Etat, accordée aux immigrés, y compris ceux en situation irrégulière. Gilles Le Gendre assure qu'elle représente "quelque chose de sacré, notamment pour le monde médical". Il continue : "Nous ne remettrons jamais en cause ce principe mais il y a peut-être des abus dans des proportions peut-être modestes, peut-être importantes, nous devons l'évaluer car ces abus ont peut-être des effets délétères".
L'immigration avait été l'un des premiers sujets à faire l'objet d'une loi, votée en septembre 2018. Le texte, jugé trop timide à droite, avait fait tanguer la majorité, traversée de sensibilités différentes. Gilles Le Gendre, quant à lui, estime que cette loi produit des effets mais qu'ils sont "imparfaits et trop lents".
"Aucune leçon à recevoir" de Marine Le Pen
Suite aux propos d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen n'avait pas manqué de réagir. La présidente du Rassemblement national, habituée de ces thématiques, a jugé que le président de la République s'inscrivait dans une démarche "électoraliste", en vue, notamment, des élections municipales de 2020.
"C'est l'hôpital qui se fiche de la charité", répond Gilles Le Gendre. Il poursuit : "Électoraliste et immigration, ça fait Rassemblement national ou, jadis, Front national. S'il y a un parti qui a constamment instrumentalisé les problèmes d'immigration, en se fichant éperdument du sort réel et des personnes concernées, immigrés légaux ou en situation irrégulière et des Français, qui parfois peuvent considérer que la concentration d’immigrés dans leur quartier est une difficulté pour vivre, c’est bien celui de Madame Le Pen. Alors aucune leçon de sa part sur ce sujet !"