Le dernier sondage Ipsos sur la primaire de la droite est éloquent : 95% des sympathisants du centre et 94% des sympathisants de gauche qui sont certains d'aller voter choisiront Alain Juppé. Il est alors aisé de comprendre pourquoi Nicolas Sarkozy crie au hold-up tandis que le maire de Bordeaux, lui, ouvre les bras aux déçus de François Hollande. Chez les sympathisants de droite, les deux hommes sont au coude à coude : 52% pour Nicolas Sarkozy, contre 48% pour Alain Juppé. La victoire de ce dernier semble dont bel et bien suspendue aux votants de gauche et du centre.
Un accord avec Bayrou ? Se pose alors la question de la campagne présidentielle que fera Alain Juppé s'il sort victorieux de la primaire. Proposera-t-il à François Bayrou, qui le soutient, de piloter la majorité et de prendre ses quartiers à Matignon ? Bayrou qui est accusé par une partie de la droite de l'avoir trahie en appelant à voter François Hollande en 2012. Alain Juppé tendra-t-il la main à certaines personnalités de gauche ? On pense à Emmanuel Macron, qui dit "avoir des convergences avec lui" dans sa récente interview à Challenges, ou à Manuel Valls, qui "aime l'entreprise" et fut le premier à proposer de s'affranchir des 35 heures.
L'exemple allemand. Une alliance entre la droite, le centre et le centre gauche ne s'est jamais vue en France. Nicolas Sarkozy avait certes prôné l'ouverture en 2007, mais il s'agissait de débauchages individuels. On parlerait, cette fois, d'accord de gouvernement conclu avant le premier tour. Angela Merkel l'a fait en Allemagne, pays où les coalitions font partie de la vie politique, avec le SPD. Alain Juppé aura la légitimité pour le faire s'il arrive au pouvoir. Reste à savoir s'il en aura l'audace.