La polémique sur le burkini ne désenfle pas. Alors même que le Conseil d’Etat a suspendu vendredi l’arrêté de Villeneuve-Loubet contre le port de cette tenue de bain couvrant l’intégralité du corps, le Premier ministre Manuel Valls a estimé sur Facebook que le débat n’était pas clos. "Rester silencieux, comme par le passé, c'est un petit renoncement. Une démission de plus", a-t-il noté. De nombreux responsables de droite, mais également du Front national, appellent à une interdiction générale du burkini. "Il faut que le législateur prenne ses responsabilités et interdise clairement le burkini en procédant à une extension de la loi de 2004 [interdisant le port de signes religieux ostentatoires, ndlr]", a notamment déclaré samedi, sur Europe 1, Nicolas Bay, eurodéputé frontiste.
Résister aux polémiques. Chantre d’une "identité heureuse", Alain Juppé, qui a apporté son soutien aux maires ayant promulgué des arrêtés anti-burkini, s’est néanmoins opposé dans les colonnes du Figaro à ce qu’une loi en la matière soit adoptée, estimant que le législateur ne devait pas être l’esclave des circonstances : "Résistons à la tentation d'exiger des lois de circonstance au fil des polémiques médiatiques".
Trouble à l'ordre public. "Sur quelle base ces arrêtés ont été pris ? Ils ont été pris parce que les maires ont estimé qu’il y avait un risque de trouble à l’ordre public", a estimé dimanche Alain Juppé sur Europe 1, rappelant que lui-même, en tant que maire de Bordeaux avait interdit un spectacle de Dieudonné pour les mêmes raisons, jugeant que l’ordre public était menacé. "Est-ce qu’il faut interdire le burkini, non pas parce qu’il y a trouble à l’ordre public, mais parce que c’est un burkini ?", interroge celui qui fut Premier ministre de 1995 à 1997. "Il faut arrêter de verser de l’huile sur le feu sur ces questions-là."
Liberté de culte. "Je désapprouve formellement les tenues qui ont pour objectif d’effacer le corps de la femme, qu’on ne vienne pas me raconter que c’est une libération de la femme ! C’est un enfermement de la femme. Il faut lutter contre cela. Mais comment on lutte ? Est-ce qu’on lutte par une nouvelle loi préparée dans l’urgence, et comment on la formule ?", interroge Alain Juppé qui estime qu’une telle loi serait contraire à la Constitution qui garantit la liberté de culte et à la Convention européenne des Droits de l’Homme. "Certains disent : 'la France n’a qu’à sortir de la Convention européenne des Droits de l’Homme'. Jamais je ne l’accepterai, la France est le pays des droits de l’Homme !", a martelé le responsable politique.