2020, ce n'est pas si loin. La maire de Paris, Anne Hidalgo, est bien placée pour le savoir. Elle qui ne cache pas être candidate à sa réélection lors des prochaines municipales –qui pourraient d'ailleurs être repoussées à 2021- réfléchit déjà à la stratégie à mettre en place pour maximiser ses chances. Elle l'a détaillée au Figaro.
La maire "bobo". L'édile comme son entourage sont conscients que la partie n'est pas facile. Anne Hidalgo est devenue la cible préférée de l'extrême droite et d'une partie de la droite. À Paris, sa vigoureuse politique de lutte contre la pollution, qui l'a amenée à interdire une partie des voies sur berge aux voitures, lui a valu d'innombrables critiques. Taxée de "bobo", la maire de la capitale ne s'occuperait, selon ses adversaires politiques, que des Parisiens aisés, délaissant les classes populaires et/ou banlieusardes. Par ailleurs, Anne Hidalgo a également dû se débattre avec les accusations d'emploi fictif développées par le magazine Capital, contre lequel elle a porté plainte pour diffamation.
La survivante. Si l'ancienne adjointe de Bertrand Delanoë cristallise tant d'attaques sur sa droite, ce n'est pas uniquement parce qu'elle incarne cette gauche prônant le vivre-ensemble et les énergies durables, l'accueil des réfugiés et le féminisme. C'est aussi parce qu'elle est la seule dont la tête dépasse encore vraiment. "Il n'y a plus Christiane Taubira ou Najat Vallaud-Belkacem pour concentrer les attaques", note son entourage dans les colonnes du Figaro. Et de fait, même si la seconde pourrait bien faire son grand retour pour tenter de s'emparer du PS lors du prochain congrès du parti, Anne Hidalgo est, en attendant, l'une des rares voix de gauche à avoir survécu à une année 2017 mortelle pour nombre de socialistes.
" Il n'y a plus Christiane Taubira ou Najat Vallaud-Belkacem pour concentrer les attaques. "
Se rapprocher des Parisiens. Pour s'imposer dans deux ou trois ans, Anne Hidalgo prévoit donc de riposter dès maintenant. Ses adjoints seront amenés à occuper plus d'espace médiatique tandis qu'elle aura deux principales missions : mettre en valeur son bilan et paraître plus proche des Parisiens qu'elle entend représenter. Ces derniers mois, l'édile a en effet multiplié les initiatives pour réaffirmer l'importance de la place de Paris à l'international, notamment avec l'obtention des Jeux Olympiques 2024, pour laquelle Anne Hidalgo n'a pas ménagé ses efforts. Mais il lui faut désormais revenir à l'échelle de la capitale.
"Elle veut davantage déambuler et multiplier les contacts", explique ainsi un proche au Figaro. Comme le fait désormais le Premier ministre, Edouard Philippe, la maire de Paris devrait se livrer à l'exercice du Facebook live à intervalles réguliers.
Cap sur les transports. C'est aussi au niveau des dossiers dont elle veut s'emparer qu'Anne Hidalgo compte se mettre au niveau de ses administrés. La propreté, les incivilités ou encore les transports sont des sujets de fond qu'elle compte mettre en avant dans les prochains mois. Sur ce dernier point, la maire de Paris compte reprendre la main, alors que les compétences de la Mairie sont très limitées par rapport à celles de la Région. Elle a fait part de ses intentions à Emmanuel Macron fin décembre, lorsque celui-ci l'a invitée à l'Élysée pour parler de la réforme du Grand Paris.
Ne pas la sous-estimer. Anne Hidalgo a encore plus d'une corde à son arc pour assurer sa réélection, alors que la mairie de Paris attire toutes les convoitises, surtout du côté de La République en marche!. On a ainsi dit le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, très intéressé. Trop même, aux yeux du président. Et plusieurs députés de Paris au sein de la majorité pourraient, eux aussi, laisser poindre leur ambition. Bien mal leur prendrait de sous-estimer Anne Hidalgo, prévient un parlementaire dans le JDD. "Si jamais certains d'entre nous pourraient croire que c'est 'in the pocket' pour les municipales, ils se trompent lourdement."
Soutien de gauche. Anne Hidalgo est une personnalité clivante, certes, mais qui peut encore s'appuyer sur un soutien de gauche important. Selon une étude Ifop de décembre, elle a perdu en un mois pas moins de huit places dans le classement des personnalités politiques les plus appréciées, à la 16e place. Et ne recueille que 45% d'opinions favorables. Mais ce pourcentage explose chez les sympathisants de gauche (70 %) et chez ceux d'Europe Ecologie-Les Verts (74%). Même les personnes interrogées qui se disent proches de LREM ne la fuient pas. La moitié d'entre elles ont une bonne opinion d'Anne Hidalgo.