Emmanuel Macron a officialisé mercredi sa candidature à l'élection présidentielle - dans un garage - et après des mois de vrai-faux suspense. Arnaud Mercier, professeur de communication politique, était l'invité de C'est arrivé cette semaine pour analyser sa déclaration de candidature.
La rupture... mais pas trop. "La bonne idée, c'est qu'il voulait montrer dans un acte de candidature qu'il était en rupture, avec des apprentis, en banlieue. Mais tout ce décorum a disparu derrière un fond bleu, deux drapeaux, un pupitre. On sait que les apprentis n'étaient pas là et tout l'imaginaire et la symbolique du lieu on été effacés derrière quelque chose de très léché. Je suis presque tenté de dire que c'est un peu raté."
"Mi-chèvre, mi-chou". Un raté qui en rappelle d'autres, différents, mais célèbres : "celui d'Edouard Balladur qui annonce sa candidature sous les ors de la république en tant que Premier ministre parce qu'il avait théorisé l'idée qu'il était une sorte de vice-président d'un François Mitterrand déjà malade. Il n'y aucune rupture." De la même manière, Arnaud Mercier juge la candidature de Lionel Jospin aussi négativement mais pour d'autres raisons : "Il avait balancé un fax à l'AFP à la nuit tombée." Reste donc, selon lui, à trouver "le moyen d'incarner charnellement et symboliquement une différence. Macron aurait dû le faire dans des locaux de start-up, pour aller jusqu'au bout de l'idée qu'il incarne la nouvelle économie. Là, il a fait un truc mi-chèvre, mi-chou."
"Entouré de requins". Énarque, ancien banquier d'affaires, ancien conseiller du président et ancien ministre, "il incarne très mal l'anti-système dans le sens de mettre à plat le système de pouvoir en France et le système économique." Malgré tout, le spécialiste voit en Macron une certaine idée du fonctionnement du système politique. "Ce n'est pas un professionnel de la politique. Il n'est pas encarté, n'a pas de fief électoral, n'a pas accumulé les mandats."
Quant à sa campagne née dans un garage, et positionnée ni à droite ni à gauche, elle sera difficile d'après Arnaud Mercier : "Il est entouré de requins qui n'ont qu'une idée : l'abattre. Déjà il faut se demander s'il va avoir les 500 signatures d'élus pour pouvoir se présenter."