Pendant plus de cinq décennies, Valéry Giscard d’Estaing a été un personnage important, sinon central, de la vie politique française. L’ancien président de la République, mort mercredi à l’âge de 94 ans, a souvent eu l’occasion d’intervenir sur les antennes d’Europe 1. De son premier passage, en 1966, à son dernier, en 2015, retour sur les déclarations marquantes de l’ex-chef de l’Etat.
Premier passage et premières ambitions déclarées, 1966-1967
En octobre 1966, Valéry Giscard d’Estaing n’a que 40 ans. Pourtant, il a déjà passé sept ans comme membre du gouvernement, en tant que secrétaire d’Etat puis ministre des Finances. S’il ne fait plus partie de l’équipe gouvernementale depuis quelques mois, il ne renonce pas pour autant à sa carrière politique. Ainsi, en juin 1966, il crée la Fédération nationale des Républicains indépendants (FNRI) et livre quatre mois plus tard sa vision de la politique sur Europe 1. Puis en février 1967, sur la même antenne, il ne cache pas son ambition d’occuper un jour la plus haute fonction du pays.
Des explications sur l’affaire des diamants de Bokassa
En novembre 1979, VGE doit affronter la pire polémique de son existence politique avec l’affaire dite des diamants, après avoir reçu un cadeau du dictateur centrafricain Jean-Bedel Bokassa. Il se défend sur Europe 1 et oppose un démenti "méprisant" aux accusations, tout en expliquant pourquoi il est jusqu’alors resté silencieux. Mais cette affaire pèsera lourd au moment de l’élection présidentielle de 1981, date à laquelle le président sortant est éliminé face à François Mitterrand.
"Je voudrais être un animal au Bébête-show"
Huit ans après avoir quitté l’Elysée, et alors que François Mitterrand a été élu un an plus tôt, Valéry Giscard d’Estaing sait sans doute qu’il ne sera jamais plus président de la République. Il montre alors, en juin 1989, qu’il sait faire preuve d’humour, en évoquant l’émission satirique le Bébête-show, dans lequel les hommes politiques, sauf lui, sont caricaturés en animaux. "Je voudrais être un animal. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi les autres sont des animaux et pas moi", sourit-il lors de son passage sur Europe 1. "En particulier, il n’y a pas de chien. Il y a beaucoup d’animaux sympathiques. Alors, pas un roquet, de préférence, mais après tout, il y aurait un labrador en peluche, ça me donnerait un meilleur accès à ce haut débat du Bébête Show", ironise l’ancien chef de l’Etat. Finalement VGE sera plus tard “animalisé” par le show, mais sous la forme d’un ouistiti à tambour.
Appel à voter oui au référendum de Maastricht
Valéry Giscard d’Estaing s’est toujours affirmé comme un Européen convaincu. Il est ainsi député européen de 1989 à 1993 et sera surtout chargé de rédiger une Constitution européenne qui, bien que rejetée par référendum en France et aux Pays-Bas, aura largement inspiré le traité de Lisbonne adopté en 2007. En 1992, sur Europe 1, il appelle à voter oui au référendum sur le traité de Maastricht, finalement adopté avec 51% de oui.
Sur son élection à l’Académie française
Le 11 décembre 2003, Valéry Giscard d’Estaing est élu à l’Académie française. Le soir même, il réagit sur Europe 1 et livre sa vision de l’exercice. "Je n’ai pas d’entraînement spécifique dans la rédaction des dictionnaires", lance-t-il avec humour. "Nous sommes dans un monde qui change, dans lequel l’identité, la langue de la France sont, sinon en péril, du moins en question. Et participer au maintien de la culture française, à son affirmation, est quelque chose auquel je serai très heureux de contribuer", affirme-t-il ensuite.
La continuité contre la rupture de Sarkozy
Retiré des affaires publiques, Valéry Giscard d’Estaing reste en 2008 un observateur averti des choses de la politique française. Invité à comparer son action à celle de Nicolas Sarkozy, récemment élu, il voit "deux différences. "D’abord, Moi, j’inscrivais mon action dans une continuité… Je pensais que la règle c’était le changement dans la continuité, et lui c’est la rupture. Ce n’est pas culturellement tout à fait la même", note-t-il dans un premier temps. "Une différence aussi, peut-être : je voulais que les finances publiques soient en ordre, elles l’ont été tout mon septennat. Nous n’avons jamais dépassé 1% de déficit budgétaire, nous n’avons jamais retrouvé ce chiffre depuis", relève-t-il.
Les 60 ans d’Europe 1
Comme nombre d’autres personnalités, Valéry Giscard d’Estaing souhaite un bon anniversaire à Europe 1, à l’occasion des 60 ans de la station, en 2015. En Français, mais aussi en anglais et en allemand. “Bon anniversaire Europe 1. Je continuerai à suivre vos émissions avec intérêt et plaisir. Happy Birthday. Alles Gute zum Geburstag… “
Le rêve européen en panne
Un an avant le Brexit, voté en 2016, l’ancien président de la République voit dans la promesse d’un référendum sur la sortie de l’UE, promesse faite par David Cameron pendant la campagne de sa réélection, une manœuvre électorale. Le 7 mai 2015 VGE déplore alors au micro d’Europe 1 la perte d’influence de la France au sein des institutions européennes, et l’absence de but politique pour l’UE.