Ce dimanche matin, le décret d'application sur le recul de l'âge de départ à 64 ans a été publié au Journal officiel, sans marquer la fin des débats sur la réforme des retraites. Jeudi devrait être discutée à l'Assemblée la proposition de loi du groupe Liot pour l'abroger, même si le doute subsiste sur le débat autour de son article 1, rejeté en commission des affaires sociales. Invité du Grand Rendez-vous, Manuel Bompard considère que "ce serait hallucinant qu'on ne puisse pas voter sur cette réforme des retraites".
Est-ce la dernière chance pour l'opposition d'abroger la réforme des retraites ? Ce dimanche matin, le décret d'application sur le recul de l'âge de départ à 64 ans a été publié au Journal officiel , mais les débats se poursuivent. Jeudi 8 juin sera discutée à l'Assemblée nationale la proposition de loi du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) pour abroger la réforme. Mais le texte que devraient débattre les députés sera bien différent de la proposition de loi initiale du groupe Liot : mercredi dernier, la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a en effet décidé d'en rejeter l'article 1, qui prévoyait d'abroger le recul de l'âge de départ à 64 ans. Un vote qui vide donc le texte de son article principal et qui a provoqué la colère des députés de la Nupes.
Invité ce dimanche du Grand Rendez-vous d'Europe 1/ CNews/ Les Échos, Manuel Bompard, le coordinateur de la France insoumise et député des Bouches-du-Rhône s'est exprimé sur le sujet et dénonce un "braquage démocratique", considérant que "ce serait hallucinant qu'on ne puisse pas voter sur cette réforme des retraites".
"Un vote en commission, ce n'est pas un vote à l'Assemblée nationale"
Pourtant, jeudi dernier, au micro d'Europe 1, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a confirmé que l'article 1 de la proposition de loi Liot avait "une faible chance" d'être à l'ordre du jour le 8 juin , et donc d'être débattue par les députés. Une situation inconcevable pour le coordinateur de la France insoumise. "Toute la jurisprudence parlementaire est très claire sur le sujet. Quand un texte de loi a été jugé recevable et que c'est la présidente de l'Assemblée nationale qui l'a jugé recevable, comment remettre le texte de loi en l'état serait irrecevable alors que le texte initial était recevable ?", se demande-t-il. "Il y a eu un vote en commission, mais un vote en commission, ce n'est pas un vote à l'Assemblée nationale. Et pour une raison très simple, c'est que la commission n'était pas à l'image de l'hémicycle complet."
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Pour Manuel Bompard, "il faut qu'il y ait un vote jeudi. Et si la présidente de l'Assemblée nationale ne veut pas permettre qu'il y ait un vote jeudi, elle va prendre une très lourde responsabilité", insiste-t-il, alors qu'une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites aura lieu ce mardi . "Je pense qu'il faut augmenter encore le niveau de pression populaire pour permettre l'examen à l'Assemblée nationale jeudi. Ce serait quand même hallucinant qu'on ne puisse pas voter sur cette réforme des retraites", martèle-t-il.
La "bataille" contre la réforme des retraites "ne s'arrêtera jamais"
"Quand le groupe Liot dit, dans sa niche parlementaire, qu'il va mettre en place une loi d'abrogation pour que l'Assemblée puisse voter, le gouvernement multiplie les manœuvres, les intimidations, les embrouilles, les pressions pour empêcher les députés de voter. C'est inacceptable, c'est insupportable", reprend Manuel Bompard.
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Peu importe l'issue des débats jeudi à l'Assemblée nationale, pour Manuel Bompard, la réforme des retraites n'est pas derrière nous. "Tant qu'il y aura une possibilité de revenir sur la réforme des retraites, je continuerai à me battre et je suis sûr qu'il y a des centaines et des millions de personnes dans ce pays qui continueront à se battre. Et si à la fin, ils nous empêchent de voter, si à la fin, ils nous empêchent de pouvoir nous exprimer librement, on continuera à se battre et aux prochaines élections, on défendra la réforme des retraites et le retour à la retraite à 60 ans. Cette bataille, elle continuera tout le temps, elle ne s'arrêtera jamais", conclut-il au micro du Grand Rendez-vous.