La Cour de cassation a rejeté mardi les demandes d'annulation de la procédure dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs d'assistants d'eurodéputés FN (devenu RN), dans laquelle le parti et Marine Le Pen sont mis en examen, selon un arrêt consulté par l'AFP. Saisie de pourvois de la présidente du RN et du parti après l'échec de leur recours devant la cour d'appel de Paris le 4 juin 2018, la plus haute juridiction judiciaire a définitivement validé la procédure, permettant la poursuite de l'enquête.
Les arguments de Marine Le Pen balayés. Marine Le Pen soutenait d'une part que la justice française n'avait pas à connaître d'une affaire concernant le Parlement européen et d'autre part, que l'enquête judiciaire s'affranchissait du principe de séparation des pouvoirs. La cour d'appel avait écarté ces arguments, estimant qu'"aucun texte n'interdit à l'autorité judiciaire" d'enquêter sur d'éventuelles infractions commises par des députés concernant l'utilisation de fonds publics, selon son arrêt. Dans l'arrêt, la Cour de cassation souligne que les procédures de recouvrement des sommes indûment versées aux collaborateurs parlementaires, engagées en parallèle par le Parlement européen, "s'exercent sans préjudice de l'engagement, devant le juge national, de poursuites pénales qui ne portent ainsi atteinte ni au principe de séparation des pouvoirs ni à celui de l'autonomie parlementaire".
Un préjudice de 6,8 millions d'euros. Depuis fin 2016, les juges enquêtent sur un possible "système" organisé "de manière concertée et délibérée" par le RN et sa présidente pour financer des salaires de ses permanents en détournant les fonds de l'Union européenne destinés à l'emploi d'assistants parlementaires. L'enquête cible 16 députés et 54 contrats de collaborateurs parlementaires pour un préjudice évalué par le Parlement européen à 6,8 millions d'euros entre 2009 et 2017. Mise en examen pour "détournements de fonds publics", Marine Le Pen est soupçonnée d'avoir rémunéré, entre 2009 et 2016 sur son enveloppe d'ancienne eurodéputée, sa cheffe de cabinet au FN, Catherine Griset, et son garde du corps, Thierry Légier, et d'avoir "donné des instructions" afin que des eurodéputés engagent comme assistants des personnes "occupant en réalité des emplois" au FN. Elle conteste les faits mais elle s'est refusée à répondre aux questions des juges lors de ses deux interrogatoires, indiquant suspendre ses réponses à la décision de la Cour de cassation.