Assistants FN : le Parlement européen estime désormais le préjudice à 7 millions d'euros

Marine Le Pen joue gros. Les 10 et 11 mars, se tient le 16e congrès de son parti. Congrès dans laquelle elle espère donner un nouveau souffle à son mouvement. Et réaffirmer sa légitimité. © Philippe LOPEZ / AFP
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G.S. , modifié à

L’enquête dans l'affaire des assistants parlementaires du FN s’élargit, révèle le Journal du dimanche

Finalement, ce serait près de sept millions d’euros. Le Parlement européen vient de réévaluer à la hausse le préjudice que lui aurait fait subir le Front National dans "l’affaire" des assistants parlementaires, révèle le Journal du dimanche. Le FN est suspecté d’avoir organisé un vaste système pour rémunérer ses cadres et employés avec des fonds publics de l’Union européenne, via des contrats d’assistants au Parlement européen. En clair, le FN est accusé d’avoir employé des personnes pour son propre compte (en tant que chauffeur, garde du corps etc.), payées par l’Union européenne.

"La personne même de Marine Le Pen" intéresse les enquêteurs. Jusqu’à maintenant, le dossier portait sur une période allant de 2012 à 2016. Mais les enquêteurs s’intéressent désormais à une période remontant à juillet 2009, ce qui a fait augmenter le montant du préjudice présumé de moins de 5 millions à près de 7 millions d’euros.

"L’enquête se concentre à la fois sur la possible mise en place d’un détournement organisé de l’argent européen et sur la personne même de Marine Pen", poursuit le JDD. Et d’enchaîner : "Tout semble ramener à la chef de file du FN. Elle a déjà été mise en examen pour ‘abus de confiance’, le 30 juin 2017. Des comptes bancaires lui appartenant font l’objet d’investigations. Elle est en outre actuellement visée par un contrôle fiscal effectué par les services du ministère des Finances".

"Il est possible que des erreurs aient été commises". Du côté du parti, on réfute totalement la mise en place d’un "système organisé". Entendu par les juges le 30 novembre dernier, le trésorier et avocat du parti, Wallerand de Saint-Just, plaide une éventuelle maladresse. "Ces affaires-là sont des questions d’éventuelles irrégularités par rapport à la réglementation très touffue du Parlement européen. Il est possible que des erreurs aient été commises par les parlementaires relativement à cette réglementation sur les frais d’assistance parlementaire. Cela me paraît être une affaire tout à fait interne qui est en train de se régler là-bas", a-t-il avancé, cité par le JDD.

Un intriguant courrier. Mais un courrier envoyé par Wallerand de Saint-Just lui-même à Marine Le Pen intrigue les enquêteurs. "Le document évoque la situation financière du FN. Et le trésorier s’y félicite des ‘économies réalisées grâce au Parlement européen’. Il les estime à environ 1,2 million d’euros par an. À Strasbourg, comme à Bruxelles, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le million d’euros de préjudice annuel du fait du FN, lit-on dans le JDD. L’hebdomadaire cite, enfin, le témoignage de Charles Van Houtte, fiscaliste belge qui fut assistant parlementaire de Marine Le Pen et Louis Aliot entre 2009 et 2015. "Entendu par la police belge en septembre, il a, pour la première fois, confirmé l’existence de plusieurs emplois fictifs auprès de députés européens du parti", avance le JDD, qui a eu connaissance de ses déclarations.

Marine Le Pen joue gros. L’affaire est loin d’être close et le parti de Marine Le Pen entend bien continuer à se défendre en tentant, notamment, de prouver l’irrégularité de certains points de l’enquête. Une nouvelle rencontre entre des représentants du FN et les enquêteurs est prévue le 14 mars. Marine Le Pen, pour sa part, joue gros. Les 10 et 11 mars, se tient le 16e congrès de son parti. Congrès dans laquelle elle espère donner un nouveau souffle à son mouvement. Et réaffirmer sa légitimité, contestée depuis sa défaite au second tour de la présidentielle.

Marine Le Pen et Wallerand de Saint-Just réagissent

Marine Le Pen et Wallerand de Saint-Just ont tous deux réagi sur Twitter suite à la parution de l'article dans le JDD. "Le JDD annonce que je suis la cible d'un contrôle fiscal ?! Première nouvelle ! Mais ça manquait en effet au tableau des persécutions. L'acharnement dont je suis victime et dont l'objectif est d'abattre la seule opposition au Système commence à devenir voyant !", a écrit la première. Wallerand de Saint-Just accuse quant à lui le JDD et le Parlement européen d'être "en plein exercice d'intoxication" : "Les chiffres d'un prétendu 'préjudice' sont inventés de toutes pièces, du délire."