Jean Castex a consenti lundi un nouveau report de l'application de la délicate réforme de l'assurance chômage, au vu de la crise qui s'aggrave, mais a continué de défendre une réforme "majeure" face aux syndicats qui réclament toujours son "abandon" pur et simple. Le Premier ministre a réuni pendant près de trois heures les partenaires sociaux à Matignon pour sa deuxième "conférence du dialogue social" depuis juillet, juste après son arrivée, pour faire "un point d'étape" sur les chantiers en cours, notamment face à la crise sanitaire et sociale (plan jeune, reconversions professionnelles...).
A l'issue, un report de trois mois de l'application de la réforme controversée de l'assurance chômage, soit jusqu'au 1er avril 2021, a été annoncé, Jean Castex indiquant toutefois qu'il "n'entend pas renoncer" à cette "réforme majeure". L'exécutif avait déjà accepté en juillet de suspendre jusqu'au 1er janvier cette réforme, qui prévoit notamment un durcissement de 4 à 6 mois de travail pour ouvrir des droits et une réforme du mode de calcul des allocations défavorables à ceux qui alternent chômage et contrats courts.
Les syndicats réclament un abandon de la réforme
Les responsables des cinq centrales syndicales ont réclamé à l'unisson l'abandon de la réforme, jugeant le simple report "absolument scandaleux" (Philippe Martinez, CGT) ou "complètement inadapté" (Cyril Chabanier, CFTC), et demandant "une réponse plus claire" (Yves Veyrier, FO). "Cette réforme petit à petit, on est en train de faire la démonstration qu'elle n'est pas du tout adaptée à la période", a affirmé Laurent Berger (CFDT), François Hommeril (CFE-CGC) la dénonçant comme "punitive".
Côté patronal, le président de la Confédération des PME, François Asselin a estimé que le report posait la question du calcul du bonus-malus pour pénaliser les entreprises qui abusent des contrats courts.
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Roux de Bézieux met en garde contre un "écroulement" de l'économie
Tous les participants ont insisté sur la gravité de la situation avec un couvre-feu, instauré dans 54 départements et qui risque de dégrader un peu plus la situation de l'emploi. Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) a mis en garde contre un possible "écroulement" de l'économie en cas de reconfinement généralisé, comme au mois de mars, plaidant pour trouver "le bon curseur entre économie et santé".
Le sujet du télétravail a été "largement abordé" dans la discussion, alors que les partenaires sociaux doivent démarrer une négociation en vue d'un accord le 3 novembre. Le gouvernement l'encourage et souhaite éviter un reconfinement général. La ministre du Travail Élisabeth Borne a assuré lundi que le protocole en entreprise "est efficace" et "très bien appliqué".