Anne-Claire Coudray était en train de le relancer, mais Nicolas Sarkozy voulait terminer son propos. Il aurait peut-être dû s’abstenir. Invité du JT de TF1 dimanche soir pour évoquer les attentats de Paris et ses conséquences, l’ancien président de la République s’est livré à un critique en creux de la politique du gouvernement en matière de sécurité. Trop laxiste selon lui. Le président des Républicains a livré un ultime exemple avant de s’exprimer sur la politique internationale. "Enfin, dernier point, je pense qu’il faut que les peines soient appliquées maintenant", a-t-il tenu à lâcher, interrompant pour le coup son interlocutrice. L’un des individus avait été condamné huit fois. Huit condamnations, pas un seul jour en prison", a regretté Nicolas Sarkozy.
(A partir de 32’32’’)
Condamné entre 2006 et 2010. A travers cette phrase, c’est Christiane Taubira qui, sans être nommée, était visée. La ministre de la Justice est la cible favorite de la droite depuis sa nomination pour, notamment, son manque de fermeté dans l’application des peines. Dit comme ça, l’exemple choisi par Nicolas Sarkozy semble particulièrement éloquent. Sauf que, comme le relève Libération, l’ex-chef de l’Etat vient en fait de se tirer une belle balle dans le pied. Car Ismaël Mostefaï, l’un des terroristes du Bataclan, que le patron des Républicains évoque, a bel et bien été condamné huit fois, mais c’était entre 2004 et 2010, à une période où la droite, et particulièrement Nicolas Sarkozy, était aux affaires.
Une aménagement des peines facilité par Rachida Dati. L’actuel président des Républicains a en effet été ministre de l’Intérieur entre mai 2002 et mars 2004, puis à nouveau entre juin 2005 et mars 2007. Il a ensuite été rien moins que président de la République. Et c’est, on peut l’imaginer, sous son impulsion, que Rachida Dati, ministre de la Justice entre mai 2007 et juin 2010, a facilité l’aménagement des peines inférieures à deux ans de prison. Ce qui a été le cas d’Ismaël Mostefaï, condamné à huit reprises certes, mais pour des délits mineurs. C’est donc bien à son propre laxisme que Nicolas Sarkozy, sans doute involontairement, s’en est pris dimanche soir sur TF1