Le cru 2016 du 1er mai du Front national a été un peu moins mouvementé qu’en 2015, mais pas aussi apaisé que l’aurait souhaité Marine Le Pen. Certes, il n’y a eu ni Femen pour interrompre son discours, même si quelques militantes ont bien tenté sans succès de s’inviter au banquet, ni d’irruption sur la scène de Jean-Marie Le Pen. Mais l’ancien président d’honneur du parti avait décidé d’organiser son propre rassemblement, devant la traditionnelle statue de Jeanne d’Arc, place des Pyramides, et cela n'a pas été si anodin pour sa fille. Car trois eurodéputés se sont rendus à ce contre-rassemblement. Un véritable affront.
Interdit de banquet. Ce nouvel épisode de division risque de donner lieu à des sanctions. "Ça ne lui a pas plu du tout", glisse un cadre du FN à Europe 1. D’ailleurs, la présidente avait prévenu ces trois frondeurs : ils devaient choisir entre son père ou elle. Face à leur obstination, elle leur a interdit de venir à son banquet.
La France apaisée. La plupart des cadres du parti leur reproche "un acte d’hostilité", selon une expression largement reprise dimanche. Pour beaucoup, il était impensable de s’afficher aux côtés du vieux chef, exclu il y a presque un an pour des dérapages verbaux répétés. Et un parlementaire d’ajouter : "C’est une action qui brouille le message". Depuis plusieurs semaines, Marine Le Pen s'est lancée dans une stratégie de rupture, avec comme nouveau mot d'ordre la "France apaisée", que voudrait tant incarner la présidente du FN à un an de la présidentielle.
Sanction. Un bureau politique se tient lundi matin au siège du parti, en présence des frondeurs. "On leur demandera de partir", prévient un des cadres du FN. Une exclusion totale semble cependant peu probable. L’équation est simple pour Marine Le Pen : sanctionner pour faire preuve d’autorité, mais sans faire de nouveaux martyrs pour éviter d’alimenter un nouvel épisode du feuilleton de la division au Front national.