Martine Aubry, maire socialiste de Lille, a déclaré jeudi n'avoir "pas envie que la gauche perde" la prochaine élection présidentielle, tout en entretenant le suspense sur le candidat de gauche qu'elle soutiendra à la primaire. "Pendant cinq ans, quand j'avais vraiment des désaccords, je les ai dits. Aujourd'hui, quand j'entends la droite, je n'ai pas envie que la gauche perde. Je sais que ce sera très dur. Mais je ne peux pas me résoudre à ce que mon pays peu à peu dérive vers les idées qui sont celles du Front national", a affirmé l'ex-première secrétaire du PS lors de sa conférence de presse de rentrée.
Sarkozy et Juppé critiqués. Elle a renvoyé dos à dos Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, dont elle a critiqué "le durcissement". "Aujourd'hui Alain Juppé, pour gagner les voix de la droite de la droite, dit sur certains sujets (l'aide médicale, le regroupement familial) la même chose que M. Sarkozy" même si "ce sont des personnalités très différentes", s'est-elle alarmée.
"Un rebond à gauche". "Jusqu'au bout, je soutiendrai ceux qui sont à gauche, et pas ceux qui font semblant de l'être", a-t-elle ajouté, appelant de ses vœux "un rebond à gauche". Elle n'a pas précisé qui elle désignait ainsi, mais elle avait auparavant éreinté à nouveau Emmanuel Macron, dont elle n'a "jamais pensé qu'il était de gauche".
Un éventuel soutien à Hollande ? Interrogée sur un éventuel soutien à François Hollande, Martine Aubry a répondu: "j'attends de voir ce qu'il proposera aux Français, il n'y a pas d'exception pour le président de la République. Les Français attendent qu'on leur dise où on va". Elle s'est gaussée des commentaires de presse selon lesquels elle aurait conclu un accord avec le président sortant en vue de sa réélection, en échange d'une implantation électorale à Lille de son lieutenant François Lamy. "C'est mal me connaître de penser qu'on puisse faire un deal comme celui-là!", a-t-elle lancé. Quant à ceux qui affirment qu'elle a fait "un premier pas vers François Hollande", à Lomme (Nord) en septembre, "où est-ce qu'on a inventé ça!?"
"On verra". Selon Martine Aubry, "le président de la République, s'il veut se représenter, a intérêt à dire les difficultés auxquelles il a été confronté, les erreurs, voire même les échecs ou semi-échecs, et aussi ce qu'il a réussi. C'est à cette condition qu'il sera crédible pour présenter un projet aux Français". N'est-il pas "trop tard" pour prétendre à sa réélection ? "On verra", a prudemment répondu Martine Aubry. A propos du livre de deux journalistes retraçant leurs entretiens avec le chef de l'Etat, l'ex-numéro 2 du gouvernement Jospin s'est abstenue: "Je n'ai vraiment pas envie de parler de ces livres...", a-t-elle dit.
Montebourg également dans le viseur. Elle a d'autre part critiqué la décision d'Arnaud Montebourg de ne pas faire campagne pour François Hollande si celui-ci se présente et remporte la primaire: "Je n'accepte pas que certains disent +'e me présente' et (affirment) qu'il ne défendront pas celui qui aura été désigné". Mettant en avant les idées aux dépens des amitiés personnelles dans les combats politiques, elle a dit avoir "beaucoup d'affection pour Benoît Hamon". Pourtant, "je ne soutiens pas Benoît Hamon", puisqu'elle ne fait pas partie de son courant au PS "et je ne suis pas d'accord avec toutes ses propositions".