Devant la faculté Tolbiac à Paris, Nadia et Claire tractent tous les jours depuis des semaines, sans relâche, en dépit des réponses lapidaires de ceux qui n'ont pas le temps. Les deux militantes Europe Écologie-Les Verts essaient de convaincre étudiants et passants de participer à la primaire de leur parti.
"Attendre la présidentielle suivante". Mais la tâche n'est pas aisée. Quelque 10.000 personnes seulement ont pour l'instant fait la démarche de s'inscrire pour voter lors de ce scrutin, moyennant 5 euros. En 2011, la primaire écologiste avait rassemblé deux fois plus de monde. Face aux tentatives de Nadia et Claire pour mobiliser, nombreux sont ceux qui évoquent les difficultés du parti. À l'instar de Brahim, pour qui "le souci", c'est qu'il est devenu inaudible. "Vous avez vu ce qu'il en reste de l'écologie ? Pas grand-chose. La moitié [d'EELV] s'est barrée et soutient le PS", soupire le jeune homme. "Il faudra peut-être attendre la présidentielle suivante."
Mauvaise passe. Les militants ne peuvent qu'acquiescer. Eux aussi redoutent que leur candidat fasse pire que les 2,3% obtenus par Eva Joly en 2012. Et qu'EELV, déjà dans une fort mauvaise passe, n'implose totalement. "Tout le monde a conscience des difficultés", reconnaît Julien Bayou, porte-parole du parti. Lui estime qu'il faudra attendre juin 2017, après les élections législatives, pour se poser la question de l'avenir de la formation politique. "Je pense qu'il faut construire un mouvement plutôt que contrôler un parti."
Vers 2017. Un nouveau mouvement signifierait un nouveau nom, peut-être de nouveaux leaders. En attendant, quatre candidats s'apprêtent à tenir, mardi soir, le premier débat de cette élection interne. Karima Delli, Michèle Rivasi, Cécile Duflot et Yannick Jadot sont en effet sur la ligne de départ afin de décrocher l'investiture pour la présidentielle.