Vladimir Poutine sera reçu lundi par Emmanuel Macron au fort de Brégançon, cinq jours avant l’ouverture du G7 à Biarritz, qui réunit les dirigeants des principaux pays industrialisés à l’exception, précisément, de la Russie. Celle-ci a été exclue du groupe des puissants suite à l’annexion de la Crimée en 2014. Depuis, les relations entre les occidentaux et Moscou ont été marquées par une série de crises diplomatiques.
"Les Occidentaux ont des rapports plus mauvais avec la Russie actuelle qu’ils n’en avaient avec l’Union soviétique dans les 20 dernières années de l’URSS", relève ainsi au micro de François Geffrier, sur Europe 1, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement de Lionel Jospin.
Un voisin dont on ne peut pas se passer
"Le président français à tout à fait raison de ré-entamer un dialogue", estime donc ce spécialiste des relations internationales. "Emmanuel Macron essaye de relancer quelque chose, d’autant qu’il y a une grande question sur la sécurité en Europe, puisque les Américains et les Russes abandonnent les accords de désarmement conclus à l’époque de Reagan et de Gorbatchev", poursuit-il. Pour Hubert Védrine, avec cette visite, "Macron renforce son jeu" face aux autres dirigeant du G7. "Il aura vu Poutine avant, il aura des choses à dire sur le sujet."
"On sera toujours voisin de la Russise. Donc que fait-on ?", interroge Hubert Védrine. "Soit on se borne à une politique de dénonciation, de sanctions, qui pousse bêtement la Russie vers la Chine, ce qui n’est pas du tout le désir des Russes, soit on essaye de renouer une discussion de voisinage, même si c’est compliqué et qu’il faut être très prudent."
"Il y a une usure évidente de Poutine"
Pour cet ancien ministre, la France pourrait également renforcer le dialogue avec la Russie via les pressions auxquelles fait face Vladimir Poutine dans son pays, puisqu'une importante contestation s’est mise en place depuis plusieurs semaines, notamment à Moscou, dénonçant la mainmise de la majorité sur le système politique. "Il y a une usure évidente de Poutine, en dépit d’une opinion assez chaude et nationaliste", constate Hubert Védrine. "Si La France, et l’Europe ensuite, arrive a établir un vrai dialogue avec la Russie, sans complaisance, avec fermeté, dans lequel on parle des choses, cette question pourrait être abordée. Poutine a intérêt à répondre en partie aux demandes qu’exprime cette partie de la population russe : plus de démocratie et des élections équitables."
Toutefois, la marge de manœuvre des occidentaux face au géant russe reste limitée : "Il ne faut pas voir ça [la rencontre de Vladimir Poutine et d’Emmanuel Macron, ndlr] comme quelque chose qui peut donner des résultats spectaculaires et immédiats", avertit Hubert Védrine.