Le député Frédéric Descrozaille et l'ancien ministre Alain Lambert viennent de lancer la websérie "Legislators", qui ausculte dans de courtes vidéos la conception des lois en France. En s'inspirant de la saga "Terminator", les deux responsables politiques veulent inverser la tendance à la "boulimie" et l'"inefficacité" législatives.
Ce n'est pas une série Netflix, mais le projet "Legislators" est tout de même original : il s'agit d'une websérie politique sur les lourdeurs du système parlementaire lancée mi-avril. Dit comme ça, ce n'est peut-être pas très alléchant, sauf que les deux protagonistes principaux sont deux hommes politiques : un député La République en marche, Frédéric Descrozaille et un ancien ministre, Alain Lambert. Dans cette websérie de 14 épisodes de 2 minutes chacun, les deux responsables se lâchent sans langue de bois sur les dysfonctionnements de l'Assemblée et les manœuvres de la majorité pour tenter d'obstruer l'opposition.
"Bavardage" législatif, députés "godillots"…
Les deux hommes politiques troquent ainsi leur veste de député et d'ancien ministre pour enfiler le costume de Terminator. Frédéric Descrozaille et Alain Lambert tirent tour à tour sur plusieurs pratiques selon eux néfastes dans la vie parlementaire. Ils dénoncent ainsi le bavardage législatif, avec des textes de dizaines de pages qui font l'objet de milliers d'amendements, parce qu'un député, pour montrer qu'il sert à quelque chose, cherche à introduire sa modification".
Il y a également le déséquilibre des pouvoirs, avec une "Ve République qui a concentré tous les pouvoirs entre les mains de l'exécutif" et les députés godillots, qui passent "pour des frondeurs" s'ils entament un rapport de force. "Du coup, nous passons pour des godillots."
Le Covid-19 n'a rien arrangé
Des tendances de fond qui ne sont pas du fait de la Macronie, confie le député marcheur, Frédéric Descrozaille, mais dans lesquelles sa majorité s'est engouffrée. "Lorsque un amendement venait d'une opposition et qu'il était fondé, du fait que ça venait de l'opposition, il est arrivé que ça soit transformé, réécrit et déposé, soit par le gouvernement lui-même, soit par les députés de la majorité. Je trouve ça dommage."
Et la pandémie n'arrange rien, regrette l'ancien ministre Alain Lambert. "Dans le traitement de la pandémie, vous avez des lenteurs qui sont liées à un droit produit par le ministère de la Santé, qui est un droit bureaucratique", pointe-t-il auprès d'Europe 1. "Un virus du juridisme" aussi dangereux que le Covid, selon lui, qui pourrait s'inviter dans la campagne présidentielle.