C'est un euphémisme que de dire que l'allocution était attendue : alors que l'épidémie de Covid-19 rebondit et que la présidentielle se rapproche, Emmanuel Macron s'est exprimé devant les Français, mardi soir, à la télévision. Du coronavirus, donc, mais pas seulement. Le chef de l'État s'est employé à défendre son bilan en matière de situation économique et de sécurité, tout en abordant les prochains grands "défis" du pays, comme l'énergie et les retraites. Un discours qui vise à séduire l'électorat de droite, à cinq mois du premier tour.
Sur les 27'30 d’allocution, Emmanuel Macron a parlé pendant 6 minutes de Covid et plus de 20 minutes de politique pure. Le message est très clair : à ceux qui en doutent, Emmanuel Macron sera bien candidat pour un deuxième mandat présidentiel. D’ailleurs, il ne manquait plus que sa déclaration de candidature.
Ce sont clairement des mesures qui parlent à la droite. Le nucléaire sur les questions d'énergie, la sécurité, la justice… Il y a aussi l'assurance chômage, avec le fait que les chômeurs qui refuseront un certain nombre de propositions ou qui ne manifesteront pas une recherche active d'emploi ne bénéficieront plus d'indemnités chômage.
Cela confirme un peu ce qu'on disait aussi depuis quelques jours : au lendemain du premier débat de la primaire de la droite, Emmanuel Macron veut parler à cet électorat et le montre. On a eu 20 minutes de programme sur des questions régaliennes et toutes ces questions qui parlent à la droite.
Une mue sur les questions énergétiques
Certes, de l'autre côté, on voit qu'Emmanuel Macron cherche aussi à rassurer avec des mesures de protection. Il annonce quand même que les pensions ne pourront pas être inférieures à 1.000 euros et rappelle une annonce qu'il a déjà faite sur les pensions minimales à destination des agriculteurs. L'objectif derrière ces annonces est d'éviter de passer pour le président des riches, une étiquette qui lui a beaucoup collé à la peau au début de son quinquennat, un peu moins au milieu et pendant la gestion de la crise sanitaire.
Mais le président de la République a fait sa mue. Sur l'énergie, il a objectivement traîné pendant des années sur cette question-là et il a été forcé d'abord et avant tout pour des raisons de conséquences de la crise sanitaire, avec des besoins énergétiques qui se sont fortement accrus. On est en train de basculer mais dans le tout-électrique. Plusieurs ministres me le confiaient, 'on ne peut pas dépendre que du vent ou de l'importation de pays étrangers'. Maintenant, il se rue dans le tout-nucléaire. À droite, il est très challengé sur ces questions-là et je pense que ça a beaucoup joué.
Cela fait quatre ans que le président de la République n’avait pas été aussi offensif en direction de la droite libérale. Avec cet objectif : essayer de la fracturer en faisant douter des électeurs tentés par certains candidats du congrès LR et en mobilisant contre lui la droite RPR et conservatrice."