L'exécutif en opération reconquête envers les seniors. Jeudi, le Premier ministre a annoncé que 300.000 retraités seraient exemptés de hausse de la CSG pour 2019, alors que le chiffre de 100.000 bénéficiaires de ce geste fiscal avaient été un temps avancé. Mais les retraités restent assez critiques envers le chef de l'État, eux qui avaient manifesté contre les mesures du gouvernement Philippe en mars dernier. "Prendre le risque de s'aliéner cet électorat, c'est évidemment encourir le risque d'un vote sanction", estime l'éditorialiste politique Hélène Jouan sur Europe 1.
"Pourquoi le gouvernement fait-il ce geste maintenant ? L'explication tient en quelques chiffres et une angoisse. Le chiffre d'abord. Les retraités ont un immense avantage, ou un inconvénient, selon comment le vent tourne : ce sont eux qui votent le plus. Ils représentent un votant sur trois aux élections. En 2017, près de huit retraités sur dix avaient voté Emmanuel Macron au second tour contre Marine Le Pen. C'est donc un enjeu évidemment majeur, d'autant que se profilent les élections européennes, un scrutin qui passionne peu… en dehors des seniors.
Les "mal-aimés" du nouveau pouvoir ? D'où l'angoisse de l'exécutif : prendre le risque de s'aliéner cet électorat, c'est évidemment encourir le risque d'un vote sanction. Hausse de la CSG, moindre revalorisation des pensions… Depuis janvier dernier, les retraités se sentent les mal-aimés du nouveau pouvoir. En mars dernier, ils ont même manifesté à Paris avec des pancartes "Macron = Harpagon". Ils sont en fait ulcérés d'être présentés comme des nantis quand ceux qui sont touchés par ces mesures n'ont pas l'impression de vivre avec une retraite de dingue. Et ce sont ces seniors qui, aujourd'hui, décrochent dans les enquêtes d'opinion.
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"On arrête d'emmerder les retraités". Il y avait donc urgence à réagir. C'est ce qu'a fait Édouard Philippe, jeudi matin, sur France Inter. C'est aussi la raison du coup de colère d'Emmanuel Macron il y a quelques jours dûment relayé par l'Élysée. "On arrête d'emmerder les retraités" a-t-il ordonné lorsque Christophe Castaner a émis l'idée de réformer les droits de succession. Même Gérard Collomb, dans son interview de pré-départ à L'Express, a dit qu'il fallait écouter les retraités et ne pas trop charger la barque.
En avril dernier, chez Jean-Pierre Pernaut, le président avait déjà dit merci aux retraités pour l'effort qu'il leur demandait. En fait, ça ne suffit plus. Alors, petits gestes par petits gestes, il essaie de tout faire pour récupérer un petit peu de la confiance perdue."