Ce n'est pas un scoop : Emmanuel Macron et Manuel Valls ne s'apprécient guère. Mais leur rivalité semble avoir franchi un nouveau palier ces derniers jours. Le ministre de l'Economie prend de plus en plus de libertés pour critiquer la politique du chef du gouvernement, ce qui n'est pas du tout du goût de ce dernier.
Passe d'armes sur les réfugiés. Emmanuel Macron a d'ailleurs été recadré mercredi matin sur l'impôt sur la fortune. Dans un entretien au magazine Risques, le ministre de l'Economie avait prôné la suppression de l'ISF. "Ce serait une faute", a répondu Manuel Valls sur France info. Le jour même, Emmanuel Macron a lancé une nouvelle pique au chef du gouvernement. Dans une interview au quotidien belge Le Soir, il s'est exprimé sur les migrants. "Les réfugiés qui risquent leur vie pour des raisons politiques sont des héros", a-t-il déclaré. "La chancelière Merkel [qui avait ouvert ses frontières en septembre 2015, NDLR] a eu raison de poser ce geste, sur le plan moral et politique."
Une position à mille lieux de celle de Manuel Valls, qui n'a jamais été tendre avec Angela Merkel sur le sujet de l'accueil des migrants. En visite à Munich en février dernier, le Premier ministre avait estimé que la position de la chancelière était "non tenable dans la durée". Avant d'enfoncer le clou : "nous ne pouvons pas accueillir plus de réfugiés."
"Macron commence à nous gonfler". Une fois encore, Emmanuel Macron s'est donc démarqué de Manuel Valls. Chez les proches du Premier ministre, on a dépassé le stade de l'agacement pour celui de la colère. "Macron commence à nous gonfler", lâche l'un d'entre eux. "Il flatte la droite le matin, il flatte la gauche l'après-midi, il la joue solo." A Matignon, les mots sont beaucoup plus apaisés. On fait simplement remarquer que les sorties médiatiques à répétition du patron de Bercy pourraient donner l'impression qu'il ne se concentre pas sur l'essentiel, à savoir le ministère de l'Economie.
Réponse à Bercy : "le ministre se donne à fond sur tous ses dossiers mais a toujours participé au débat d'idées. Et compte bien continuer à le faire." Le message est clair. Qu'importe les recadrages, vous allez encore continuer d'entendre parler d'Emmanuel Macron.