Le député apparenté LFI Aymeric Caron va diffuser mercredi soir à l'Assemblée nationale un film consacré aux "atrocités" commises à Gaza, alors que la situation au Proche-Orient a encore enflammé l'hémicycle la veille. Présentée à 19H15, cette vidéo agrège en 1H30 sept mois d'images de la guerre dans la bande de Gaza, explique le parlementaire, qui accuse des élus d'autres groupes d'être "timides dans leur dénonciation" de la situation dans le territoire palestinien voire de "soutenir Israël". Avec ce film, baptisé "Gaza depuis le 7 octobre", Aymeric Caron conteste répondre à celui compilé par les autorités israéliennes sur le massacre commis par le Hamas le 7 octobre, et qui avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale.
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15 jours d'exclusion de l'hémicycle
La projection, à laquelle Aymeric Caron s'était rendu, avait suscité une forte émotion parmi les députés. A ce stade, seuls neuf députés ont confirmé leur présence à la diffusion de mercredi. Elle intervient au lendemain d'une séance très agitée à l'Assemblée nationale au cours de laquelle l'insoumis Sébastien Delogu a brandi un drapeau palestinien dans l'hémicycle et a été exclu 15 jours, la sanction maximale, pour avoir provoqué du "tumulte" pendant la séance de questions au gouvernement. Mathieu Lefèvre (Renaissance), président du groupe d'amitié France-Israël, revendique son absence à la projection. Il dénonce une "concurrence victimaire" et l'omission du terme "terroriste" pour décrire le Hamas dans le mail d'invitation d'Aymeric Caron.
Au contraire, le président du groupe d'études France-Palestine Richard Ramos (MoDem) visionnera les images, alors qu'il avait évité le film des autorités israéliennes en novembre dernier. Pour éviter un "deux poids deux mesures", c'est "normal de voir aussi les horreurs de Gaza", explique-t-il. Certains hésitent, comme Mireille Clapot (apparentée Renaissance), vice-présidente du groupe d'études France-Palestine. Favorable à la diffusion du film pour des raisons d'"équilibre", elle n'est pourtant pas sûre de vouloir voir les images sur grand écran. "Je suis sensible aux images violentes", reconnaît-elle. Le groupe d'études a soutenu la diffusion du film, mais laisse Aymeric Caron "responsable des images", qui n'ont pas été présentées à ses membres.
"Aucune image du Hamas"
La plupart de ces vidéos ont été récupérées via les réseaux sociaux auprès de plusieurs sources, explique Aymeric Caron. Parmi elles, des journalistes palestiniens, des médias français et étrangers, l'armée israélienne, et des habitants gazaouis. Le député revendique un gros travail d'"authentification" du contenu de son film. "Il n'y a aucune image du Hamas", assure-t-il. Selon lui, les vidéos sont présentées "brutes", telles qu'elles ont été diffusées par leurs auteurs. Seul ajout de son équipe: des sous-titres ainsi que quelques mentions de dates et noms importants.
Le film avance mois par mois depuis octobre, retraçant la progression de la guerre à Gaza. Les images violentes ne sont pas floutées, précise Aymeric Caron. "Notre subjectivité doit s'exprimer de manière minimale", revendique l'ancien journaliste, qui raconte avoir travaillé avec deux monteurs palestiniens habitant en France, ainsi qu'une documentaliste et des locuteurs de l'arabe et de l'hébreu pour les traductions. La guerre a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, entraînant la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne. En représailles, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive qui a fait au moins 36.096 morts, en majorité des civils, et 81.136 blessés, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.