Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a fustigé vendredi les propos de François Fillon sur la Syrie, estimant qu'il réduisait la crise à "un choix entre Bachar al-Assad et Daech". "Ceux qui prétendent qu'il n'y a pour la paix en Syrie que le choix entre Bachar al-Assad et Daech n'ont aucun respect pour le peuple syrien", a déclaré Jean-Marc Ayrault à l'issue d'un entretien avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. "Aujourd'hui la population syrienne est soit réfugiée hors du sol national, soit déplacée à l'intérieur de la Syrie, soit sous les bombes", a ajouté le chef de la diplomatie.
François Fillon a déclaré jeudi soir, lors du dernier débat avant le premier tour de la primaire à droite, qu'il rouvrirait "au moins un poste diplomatique à Damas pour avoir un canal de discussions avec le régime syrien" s'il était élu et que le régime de Damas offrait le meilleur rempart contre le djihadisme pour les chrétiens d'Orient. "Si Bachar al-Assad est toujours là, c'est parce qu'il a un soutien populaire (...) c'est-à-dire les alaouites - les chiites - et les chrétiens pour une large part, les chrétiens d'Orient", a lancé l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. "Ils le défendent parce qu'ils savent qu'en cas de chute du régime, c'est les sunnites qui prennent le pouvoir, et si les sunnites prennent le pouvoir, pour les chrétiens c'est la valise ou le cercueil", a poursuivi François Fillon.
Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il rouvrirait "naturellement" l'ambassade de France à Damas, qu'il avait fait fermer en mars 2012, s'il revenait à l'Elysée. "Monsieur Bachar al-Assad ne représentera jamais à mes yeux, ou alors on n'est plus des humanistes, l'avenir de la Syrie", a-t-il toutefois ajouté. L'ex-Premier ministre Alain Juppé a aussi estimé qu'il n'y aurait "pas de retour à la paix en Syrie avec Bachar al-Assad" et qu'après "l'éradication de Daech", il faudrait "trouver une solution durable en Syrie avec les Russes et avec les Américains".