Les régions se retirent de la Conférence des territoires instaurée par l'exécutif, pour protester contre la baisse de crédits décidée par le gouvernement, ont annoncé jeudi les présidents de régions réunis en congrès à Orléans.
"On ne peut pas avoir confiance". Les élus réagissaient à la confirmation par le Premier ministre Edouard Philippe d'une baisse de 450 millions d'euros de crédits pour 2018, en ouverture des débats. La Conférence des territoires, mise en place par Emmanuel Macron en juillet et qui rassemble toutes les collectivités locales et leurs associations, doit se réunir à nouveau en décembre. "Comment entrer en discussion sur des sujets importants si l'on n'a pas d'abord la confiance", s'est interrogé le président de Régions de France, Philippe Richert (LR, Grand est), lors d'une conférence de presse commune des présidents de région. "Les régions se retirent de la Conférence territoriale et ne participent pas à partir d'aujourd'hui à des discussions sur des réformes qui sont le faux nez d'une reprise des responsabilités qui leur ont été confiées", a poursuivi François Bonneau (PS, Centre-Val-de-Loire), vice-président de l'association. "On ne peut avoir confiance en aucune manière en un gouvernement qui nous retire de façon totalement injuste 450 millions d'euros", a-t-il affirmé.
"Une promesse" du précédent gouvernement. En ouverture du congrès, le Premier ministre avait confirmé la suppression de 450 millions d'euros de crédits pour 2018. "Nous avons décidé de ne pas intégrer le fond exceptionnel de 450 millions d'euros dans le montant de la TVA qui vous sera alloué", a-t-il déclaré. "C'est une promesse que les précédents gouvernements avait faite... en sachant qu'elle ne les engageait pas puisqu'elle était renvoyée à 2018. Le gouvernement ne peut pas honorer les chèques en bois de ses prédécesseurs : la situation budgétaire du pays ne le permet pas", a-t-on encore justifié à Matignon. Les présidents de régions jugent cependant cette décision "inacceptable" et la considèrent comme un non respect des engagements de l'Etat.
Le gouvernement "prend acte" mais reste "ouvert au dialogue". Le gouvernement "ne peut que regretter" la décision des régions jeudi de quitter la conférence nationale des territoires pour protester contre les arbitrages budgétaires, mais "reste ouvert au dialogue avec Régions de France, comme avec chacun des présidents de conseil régional, sur les nombreux sujets d'intérêt commun qui figurent à l'agenda", a réagi Matignon.
Pas de baisse par rapport à 2017 selon Matignon. Par ailleurs, le ministère a considéré qu'"il est faux de dire que les moyens alloués par l'Etat aux régions sont en baisse" dans le budget 2018. "Par rapport à 2017, elles bénéficieront de la dynamique de la recette de TVA qui leur est attribuée, soit environ 100 millions d'euros. En outre, les 250 millions d'euros restant à verser aux régions au titre du fonds exceptionnel mis en place en 2017 seront bien versés en 2018, soit 200 millions nets", fait-on valoir. "Au total, ce sont 300 millions d'euros de moyens supplémentaires dont disposeront les régions par rapport à la base des concours de l'Etat", souligne encore l'entourage d'Edouard Philippe.