Les élections municipales et régionales en Espagne, dimanche, ont provoqué un séisme politique avec la victoire des Indignés. En Grande-Bretagne, David Cameron veut organiser un référendum sur la sortie de l'euro. Et en Pologne, le conservateur Andrzej Duda a été élu président. Leur point commun ? Ils ne veulent plus de l'Europe qu'on nous propose. Pour François Bayrou, invité mardi d'Europe 1, "bien sûr qu'il y a d'importants changements à apporter, qui sont plus des changements de pratiques que de règles, dans un monde qui apparaît totalement opaque".
"Une remise en cause du bipartisme". Mais selon lui, la défiance à l'égard de l'Europe, n'est pas la seule raison pour expliquer ce qui se passe en Espagne, car "c'est aussi une remise en cause du bipartisme, c'est-à-dire du fait que, depuis des décennies, ce sont les deux mêmes partis qui alternent et se renvoient imparablement la balle." Est-il, lui le centriste pro-européen, inquiet pour l'avenir de l'Europe ? "L'Europe doit mener une réflexion sur elle-même. Si on ne voit pas qu'il y a quelque chose qui est profondément remis en cause alors on ne voit pas la réalité comme elle est. Mais faire porter à l'Union européenne la responsabilité des difficultés que des pays rencontrent, c'est se tromper de cible".
"Le 49-3 ne peut être utilisé qu'une seule fois par session". Mardi commence à l'Assemblée nationale l'examen du projet de loi sur le dialogue social. Le ministre du Travail, François Rebsamen, a d'ores et déjà assuré qu'il n'excluait pas la possibilité d'utiliser le 49-3 pour faire passer son texte. Pour François Bayrou, c'est "d'abord une question de crédibilité. Je vous rappelle que le 49-3, un passage en force, ne peut être utilisé qu'une seule fois par session. Cela voudrait dire qu'il faudrait attendre une autre session ordinaire…"
Voilà pour la forme. Dans le fond, le leader du MoDem estime que "ce n'est pas une révolution. Il y a des choses qui vont plutôt dans le bon sens, notamment la simplification. Je rappelle que Rebsamen avait dit qu'il allait lisser les seuils qui font que les entreprises hésitent d'embaucher un salarié de plus, il ne l'a pas fait. C'est un manque et un recul".
"Je suis un républicain, vous êtes un républicain, nous sommes des républicains !"La justice va dire mardi si l'UMP peut d'ores et déjà se rebaptiser Les Républicains, comme le souhaite Nicolas Sarkozy. François Bayrou a lui aussi assuré "être un républicain. Vous êtes un républicain, nous sommes des républicains ! la question de la captation de ce terme par un seul parti politique est un élément de trouble. Ce qui me gène, c'est que mot républicain était, hier, un mot de rassemblement. Demain, ce sera un mot de parti politique, donc de divisions. C'est regrettable."
Envisage-t-il de concourir à la primaire ouverte ? "Je n'ai pas changé d'inquiétudes sur ce sujet. La primaire, c'est un mécanisme qui risque de donner un poids trop important au plus dur de chaque camp. Donc, je n'ai pas l'intention d'aller voter".
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François Bayrou : "L'Europe, c'est nous" par Europe1fr