Édouard Philippe a fustigé jeudi le rapport de la commission du Sénat sur l'affaire Benalla qui charge sévèrement Alexandre Benalla et la gestion de l'affaire par l'Élysée.
Édouard Philippe a vivement attaqué jeudi les conclusions "incompréhensibles" et "injustes" de la commission d'enquête sénatoriale sur l'affaire Benalla, qui s'est livrée selon lui à "une appréciation très politique". Il a semblé mettre en cause le respect par la commission d'enquête du Sénat de la "séparation des pouvoires" législatif et exécutif, se disant "un peu surpris car, traditionnellement, la séparation des pouvoirs, fait qu'il n'appartient pas ni à l'Assemblée nationale, ni au Sénat de se prononcer sur l'organisation interne de la présidence de la République".
La commission d'enquête du Sénat, qui enquête depuis sept mois sur les agissements, le 1er mai dernier puis après son licenciement, de l'ancien chargé de mission de l'Élysée, a rendu ses conclusions mercredi. Elle charge sévèrement Alexandre Benalla et la gestion de l'affaire par l'Élysée.
"Le secrétaire général de l'Élysée est un grand serviteur de l'État". Lors d'une déclaration sur le perron de Matignon, il a jugé "incompréhensibles et souvent injustes" les "recommandations ou formulations" de la commission concernant "des fonctionnaires qui travaillent auprès du président de la République". "Je peux témoigner de ce que le secrétaire général de l'Élysée (Alexis Kohler, NDLR) notamment est un grand serviteur de l'État", a-t-il souligné, avant de préciser: "c'est la raison pour laquelle je ne saisis pas très bien la portée de ces remarques".
Outre Alexis Kohler, le Sénat a mis nommément en cause le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron Patrick Strzoda et le général de brigade de gendarmerie Lionel Lavergne qui commande le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR).
"Une appréciation très politique". Insistant en outre sur "le principe de séparation des pouvoirs", Edouard Philippe a noté qu'"en la matière, la commission d'enquête sénatoriale du Sénat et le Sénat ont choisi de se livrer à une appréciation qui est très politique". "Je n'en suis pas surpris, mais comme j'ai un attachement très vif et très grand au principe de séparation des pouvoirs, j'en suis un peu déçu", a-t-il souligné.
Évoquant le travail de la justice "saisie de cette affaire qui part d'une dérive personnelle", il a aussi remarqué que la séparation des pouvoirs, "là encore, implique que le Parlement ou le gouvernement ne se saisissent pas du fonctionnement interne ou du déroulement interne d'une procédure judiciaire". "J'observe avec beaucoup de rigueur ce principe, je crois que chacun peut l'observer : l'exécutif, le Parlement, doivent respecter l'indépendance du pouvoir judiciaire", a-t-il insisté, alors que les sénateurs ont demandé au Bureau du Sénat de saisir le ministère public de ce qui pourrait constituer selon eux des "faux témoignages" d'Alexandre Benalla et son ami Vincent Crase devant eux.
Pour les sénateurs, le principe de séparation des pouvoirs a été "scrupuleusement respecté"
Le principe de séparation des pouvoirs a été "scrupuleusement respecté", ont affirmé jeudi le président et les corapporteurs de la commission d'enquête du Sénat sur l'affaire Benalla, après les critiques de l'exécutif. "Il importe aussi, pour la maturité de la démocratie, que la mission fondamentale du Parlement dans ses pouvoirs de contrôle soit pleinement respectée", ont-ils souligné.