Le Premier ministre Bernard Cazeneuve s'est attaqué frontalement lundi au Front national, parti selon lui "du mépris des institutions", des "mensonges dissimulés" et "messages simplistes".
"Je ne veux pas pour mon pays d'un parti du désordre", a déclaré Bernard Cazeneuve lors d'un discours à Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Du "parti du mépris de nos institutions républicaines, dont la candidate à l'élection présidentielle refuse de répondre à la convocation de la justice comme le doit chaque justiciable dans ce pays".
Marine Le Pen "ne propose rien" pour la France. Se livrant à un plaidoyer pour l'Union européenne, le Premier ministre a accusé Marine Le Pen de ne "rien proposer" si la France, comme elle le propose dans son programme, en sortait. "Elle ne propose rien pour remplacer les aides de la PAC versées aux agriculteurs. Elle ne propose rien pour permettre aux ouvriers et aux cadres de la SOVAB (une usine Renault visitée plus tôt sans la journée) d'exporter les véhicules qu'ils produisent une fois qu'elle aura rétabli, comme elle l'annonce, des droits de douane partout. Elle ne propose rien pour rembourser notre dette une fois que la France, comme elle l'annonce, sera sortie de l'euro et devra payer des taux d'intérêt insoutenables", a tancé le Premier ministre.
"Illusion, mensonge et impasse". Plus tôt, dans cette usine de Batilly, où Renault emploie près de 3.000 personnes, dont 800 intérimaires, il avait fustigé le protectionnisme prôné par la candidate frontiste. Dans cette région "où certaines formations politiques font des scores importants (...) si demain il n'y a plus d'Europe, si demain il y a de nouveau des frontières qui s'érigent, si demain le protectionnisme est partout, où exportera-t-on ce que vous fabriquez ici ?"
"L'idée qu'on pourra" exporter en empêchant d'importer "est une illusion, un mensonge et une impasse", a-t-il insisté, en soulignant le redressement des deux grands groupes automobiles français, Renault et PSA. Le chef du gouvernement, engagé avec le président François Hollande dans une initiative coordonnée pour éviter une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, a multiplié les mises en garde tout au long de sa visite lorraine.
"Terribles basculements". "Derrière les discours les plus évidents en apparence, qui sont souvent les plus simplistes dans leur formulation et dans leur fond, il y a beaucoup de mensonges et d'impasses dissimulés", a-t-il dit. "Si nous ne disons pas 'attention il peut y avoir derrière des tentations de terribles basculements possibles', alors nous ne jouons pas notre rôle", a encore ajouté le Premier ministre. Tout en affirmant comprendre "les inquiétudes", qui "font qu'en dépit de son absurdité, le programme anti-européen du Front national peut faire illusion".
"Je sais que les Français attendent de l'Europe davantage de protection: ils ont raison d'attendre cela d'elle", a ajouté le Premier ministre, se livrant à une défense des initiatives françaises au sein de l'UE qu'il a présentées comme autant de tentatives pour plus de protection sociale.
Clin d'oeil, le Premier ministre avait convié à Longwy les bénévoles du Secours populaire d'Hayange, que le maire FN, Fabien Engelmann, veut faire partir de leur local.