L'Assemblée nationale a voté jeudi soir l'interdiction, sans dérogation, des insecticides néonicotinoïdes, jugés nocifs notamment pour les abeilles, mais l'a repoussée au 1er septembre 2018, via un amendement PS au projet de loi sur la biodiversité.
Une interdiction très discutée. Au terme d'un débat intense de plus de deux heures sur une quarantaine d'amendements et sous-amendements, où la droite et quelques socialistes ont cherché à contrer une telle issue, les députés ont adopté, par 30 voix contre 28, un amendement en ce sens du président de la commission du Développement durable, Jean-Paul Chanteguet (PS). Un arrêté fournira "des réponses concrètes aux exploitants agricoles, confrontés à la brusque apparition d'un ravageur, qui pourrait compromettre leurs récoltes". À l'initiative de la France, l'Union européenne a restreint certains de leurs usages en 2013, mais ils sont encore très largement utilisés.
Interdire oui, mais pas brutalement. Dans une démarche inhabituelle, Stéphane Le Foll avait envoyé vendredi aux députés une lettre pour les appeler à ne pas faire de telles "interdictions brutales" au seul niveau français, par souci affiché notamment d'éviter les "distorsions" de concurrence avec les autres agriculteurs européens. Sur ces produits "extrêmement dangereux pour les abeilles, pour notre santé, pour notre environnement", la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, l'écologiste Barbara Pompili, a plaidé jeudi dans l'hémicycle pour "des solutions responsables, qui puissent s'appliquer". "2018 fait un peu moins couteau sous la gorge que 2017 et permet d'avancer", a-t-elle notamment jugé, se montrant aussi favorable à des dérogations dans certains cas.
Le chalutage en eaux profondes toujours autorisé. Dans le même temps, l'Assemblée nationale a rejeté l'interdiction du chalutage en eaux profondes, dénoncée par le secteur de la pêche. Les députés avaient voté, lors de la deuxième lecture du texte en commission et à l'initiative de l'UDI Bertrand Pancher, un amendement visant l'interdiction du chalutage en eaux profondes et renvoyant à un décret le soin de le définir. La pêche en eaux profondes affecte des "espèces menacées", comme le grenadier de roche ou la lingue bleue, est "peu génératrice d'emplois directs" entre "44 et 112 marins" à temps plein, a plaidé le député centriste Bertrand Pancher. Intermarché, principal acteur avec ScaPêche, s'est engagé à "remonter ses filets à 900 m" en 2014, et les autres enseignes de supermarchés ont entrepris de répondre à une "forte mobilisation citoyenne", selon l'élu.