Nicolas Sarkozy n'en démord pas. Le président des Républicains veut désigner les candidats de son parti aux législatives de 2017 dès le mois de juin 2016. Une idée qui ne passe pas du tout au sein de son propre camp. Alain Juppé, François Fillon ou encore Bruno Le Maire y sont fermement opposé.
Soupçon de clientélisme. Ce que ces candidats déclarés à la primaire de la droite redoutent avant tout, c'est le clientélisme. Si Nicolas Sarkozy investit 577 candidats, il est possible que ces derniers deviennent autant de soldats loyaux et dévoués à l'ancien président lors de l'élection interne, à laquelle il sera probablement candidat. Autre argument, avancé haut et fort celui-ci : personne, à droite, ne veut se retrouver dans la situation de François Hollande en 2012. Fraîchement arrivé à l'Elysée, le socialiste s'était retrouvé à la tête de députés investis par sa rivale, Martine Aubry. Une légion de frondeurs était alors arrivée sur les bancs de l'Assemblée nationale. Alain Juppé, Bruno Le Maire ou François Fillon, qui espèrent tous remporter la primaire à droite puis l'élection présidentielle, veulent des députés élus sur leur projet et sur leurs méthodes de gouvernance.
Nicolas Sarkozy ne cède pas. Selon eux, il faut donc attendre le résultat de la primaire pour procéder aux investitures des législatives. Si Nicolas Sarkozy est seul contre tous dans cette bataille, le patron des Républicains ne compte pas céder un pouce de terrain. Lui qui a fait des concessions sur les postes à la direction du parti et sur l'organisation de la primaire (qu'il voulait, un temps, organiser en juin 2016), répète chaque fois que la question lui est posée que, cette fois, il ne faut pas s'attendre à de la souplesse de sa part.
Des raisons pratiques... L'ancien président a des arguments. Si les investitures ont lieu en décembre, alors les candidats aux législatives ne pourront entrer en campagne qu'en janvier. Trop tard, alors que les Républicains sont dans l'opposition. La droite aura beaucoup de nouveaux candidats qu'il lui faudra faire connaître. Beaucoup de femmes aussi, puisque le parti, qui préférait jusqu'ici payer 4 millions d'euros d'amende par an plutôt que de respecter les règles de parité, est exsangue financièrement et va donc devoir pousser des candidates sur le devant de la scène. A cela s'ajoute un argument comptable. Les comptes de campagne sont en effet contrôlés pendant l'année précédent le scrutin. Investir un an avant les législatives permettrait d'organiser les associations de financement dans les règles.
...et politiques. Si Nicolas Sarkozy tient tant à la date de ces investitures, c'est également pour des raisons politiques. L'ancien chef de l'Etat s'est montré souple sur l'organisation de la primaire parce que cette question dépasse le cadre du parti. En revanche, c'est bien le parti qui est responsable de la désignation des candidats aux législatives, via une commission des investitures. Alain Juppé ou François Fillon n'ont pas été candidats à la présidence des Républicains et il n'est donc pas question pour Nicolas Sarkozy de renoncer à ses prérogatives. Les candidats à la primaire devraient d'ailleurs finir par céder. Ils n'ont aucun intérêt à faire de ces investitures un casus belli, leurs électeurs n'y verraient que de la tambouille politicienne. Et ça, Nicolas Sarkozy l'a bien compris.