Alors que les syndicats de la SNCF poursuivent la grève jeudi, pour leur neuvième jour consécutif, le patron de l'entreprise, Guillaume Pepy, est dans un réel bras de fer avec le gouvernement, car ils n'ont pas tout à fait les mêmes objectifs. Ce qui compte avant tout pour le gouvernement, c’est la loi Travail. Alors que pour Guillaume Pepy, ce n'est pas son sujet. Le grand patron souhaite surtout préparer son entreprise à l’ouverture à la concurrence, quitte à aller au bras de fer avec les syndicats en leur imposant un temps de travail plus important et plus flexible, avec à la clef des gains de productivité.
500 millions d'euros d'économies par an. L'objectif de Guillaume Pepy est de réaliser 500 millions d'euros d’économies par an. Et pour ce faire, il pensait avoir le soutien du Premier ministre. En effet, il y a un peu plus d’un an, au moment du conflit à Air France, Manuel Valls avait alors dit, en substance, au patron de la SNCF : "tu as vu comme on tient pour Air France, on tiendra pour la SNCF". Sauf qu’à l’époque, le gouvernement n’avait pas la réforme du travail dans son agenda. Résultat : le patron de la SNCF, qui croyait être soutenu, s’est finalement fait tordre le bras par Matignon. Guillaume Pepy est donc prié de se plier face au gouvernement, et en échange, l'Etat, par la voix de Manuel Valls, annonce une série de coup de pouce financier à la SNCF et la reprise d’une partie de sa dette.
Les jours de Pepy sont-ils comptés ? Compte tenu du bras de fer, Guillaume Pepy pourrait bien être sur un siège éjectable. Et Matignon et l’Elysée ont déjà fait savoir qu’ils lui avaient trouvé un successeur. Sauf que Guillaume Pepy s'accroche à son poste, même si le bras de fer est loin d’être terminé. Le problème des conditions de travail des cheminots est juste repoussé à plus tard, après la loi Travail, qui reste aujourd’hui le seul horizon du gouvernement.
En tout cas, une chose est sûre, Guillaume Pepy sort fragilisé de cette séquence. Le doute sur ses capacités à réformer la SNCF est aujourd’hui bien réel. Et d'ailleurs, le patron de la SNCF a des envies d’ailleurs, puisqu'il y quelques mois, il avait mené une campagne très active pour prendre la direction d’Air France, sans succès.