François Hollande a appelé jeudi dans une claire allusion au débat virulent sur le burkini à ne céder ni à la "provocation" ni à la "stigmatisation", à l'issue d'une rencontre avec des dirigeants sociaux-démocrates européens à la Celle Saint-Cloud. La "vie en commun", un "grand enjeu" en France, "suppose aussi que chacun se conforme aux règles et qu'il n'y ait ni provocation ni stigmatisation", a déclaré le chef de l'Etat français devant la presse.
La vie en commun, l'enjeu européen. "Nous ne voulons pas être simplement des pays qui s'additionnent les uns les autres" et qui sont européens que "parce qu'il y a un marché et une monnaie" mais parce qu'ils partagent "des valeurs, des politiques et des choix", a-t-il souligné. "Nous pensons qu'avec l'Europe, nous sommes plus forts, que nous maîtrisons notre destin" et que "nous pouvons vivre en commun", a insisté François Hollande.
Le gouvernement divisé sur la question. Au sein même de son gouvernement, les ministres s'opposent sur cette question. Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem ont affiché leurs divergences, jeudi. Au micro d'Europe 1, la ministre de l'Éducation nationale a expliqué être contre le port de cette tenue dans l'absolu. Mais Najat Vallaud-Belkacem s'est opposée aux arrêtés d'interdiction pris par plusieurs communes, notamment dans le sud de la France. "J'estime que [leur] prolifération n'est pas bienvenue. Jusqu'où va-t-on pour savoir si une tenue est conforme aux bonnes mœurs ?" La réponse ne s'est pas fait attendre. Interrogé sur BFM TV, Manuel Valls, qui avait déjà affiché son soutien aux maires ayant pris un arrêté anti-burkini, a fustigé une "mauvaise interprétation des choses" de la part de Najat Vallaud-Belkacem. "Ces arrêtés ne sont pas une dérive", a asséné le Premier ministre. "Ils ont été pris au nom même de l'ordre public."
Décision du Conseil d'Etat vendredi. La plus haute juridiction française doit rendre sa décision sur la légalité ou non des arrêtés anti-burkini vendredi à 15 heures.