Benoît Hamon a-t-il des actions ou une maison de famille ? Quels placements a fait Emmanuel Macron, l’ancien banquier de chez Rothschild ? Qui parmi les candidats à la présidentielle a salarié un membre de sa famille ? Cette question de la transparence n’est pas anodine : aucun des candidats n’a à y gagner, pas même Marine le Pen. Le Front national qui se vantait d'avoir la "tête haute" et les "mains propre" est beaucoup plus discret.
Et pour cause : le parti fondé par Jean-Marie Le Pen est aujourd'hui mis en examen, ce qui n’est pas le cas des Républicains. La présidente frontiste vient même de se faire sanctionner par le Parlement européen pour avoir eu une utilisation peu orthodoxe des fonds alloués aux assistants parlementaires. Ce qui explique le silence relatif des cadres du parti lors des assises présidentielles de Lyon, le week-end dernier.
Jusqu'où peut aller la transparence ? Après les affaires Cahuzac et Thévenoud, l'exigence d'exemplarité des Français est assez légitime, alors qu'on leur demande des sacrifices. La suspicion prévaut à l’endroit des hommes politiques de leur propre fait. À eux, donc, de démontrer qu’ils sont exemplaires. Mais jusqu’où doit-on aller dans la transparence ? Jusqu’où peut conduire le grand déballage ? La sexualité doit-elle aussi y passer, comme vient de le vivre Emmanuel Macron, avec des rumeurs sur sa vie intime ?
Le plus vertueux ou le plus efficace ? L’exigence morale à l’égard des hommes politiques va désormais très loin. Choisir les candidats en fonction de leur moralité, de leur patrimoine que tel ou tel jugera excessif, au détriment de leurs projets et de leurs idées, est une position qui interroge sur les critères du vote. Le dilemme de ces prochains mois pourrait donc se résumer à désigner le plus vertueux des candidats ou le plus efficace. Si c’est le plus vertueux, alors nous n’échapperons pas au grand déballage au cours de cette campagne présidentielle, dans une forme d’américanisation de la vie politique. À chacun de juger s'il faut ou non s'en réjouir.