Le livre Conversations privées avec le président, d'Antonin André et Karim Rissouli, compile près de cinq années de confidences présidentielles.
Cinq ans. Pendant cinq ans, Antonin André, journaliste chez Europe 1, et Karim Rissouli, qui officiera sur France 5 à la rentrée, ont recueilli les confidences de François Hollande. Ils en ont tiré un livre, Conversations privées avec le président (éd. Albin Michel), publié jeudi.
Pas certain d'être candidat. Au fil des pages, on comprend notamment que le président n'est pas certain qu'il sera candidat à sa propre succession ou, du moins, envisage aussi de ne pas l'être pour la première fois. Comme tout chef d'État sous la Ve République, pourtant, il s'était projeté dans l'hypothèse d'un second mandat dès son élection. Tous ses prédécesseurs, Giscard d'Estaing comme Mitterrand, Chirac comme Sarkozy, ont tenté -et souvent réussi- de se faire réélire. François Hollande est fait du même bois. Mais il envisage aussi la possibilité de renoncer.
"Pas un drame si cela s'arrête". "Je ne ferai pas de choix de candidature si, à l'évidence, elle ne pouvait pas se traduire par une possibilité de victoire", déclare-t-il ainsi. Traduction d'une formule un poil alambiquée : si François Hollande a la conviction qu'il risque d'être éliminé dès le premier tour, d'être humilié, alors il pourrait renoncer. Un raisonnement logique chez celui qui, en 2007, confiait que cela aurait pu être son tour mais que, s'il ne s'était pas battu et avait laissé Ségolène Royal être candidate, c'est parce qu'il était convaincu que le candidat de gauche, quel qu'il soit, serait battu pour Nicolas Sarkozy. "L'important c'est ce que l'Histoire retiendra de mon quinquennat. Mais ce n'est pas un drame si cela s'arrête", conclut-il.
Les défauts de Sarkozy. Pour le moment, néanmoins, le président fait tout pour être en situation d'être candidat au second tour. Il pronostique d'ailleurs un duel avec Nicolas Sarkozy. Ces deux-là ne s'aiment pas. François Hollande a confié très tôt qu'il pensait que son prédécesseur serait son adversaire en 2017. "Je ne vois pas comment ils pourront l'en empêcher", disait-il alors. Le chef de l'État ne voit d'ailleurs pas nécessairement là une mauvaise nouvelle. Selon lui, Nicolas Sarkozy "a plus de défauts que les autres" à droite. Il le décrit comme nerveux, incapable de se contrôler, très lisible et ayant l'insulte facile avec ses adversaires. Par exemple, François Hollande s'amuse du fait que le président des Républicains dise devant lui du mal d'Alain Juppé ou de François Fillon. Son jugement est très sévère : "parfois, la défaite, la réflexion, la sagesse aboutissent à corriger certains travers, mais pas pour Nicolas Sarkozy."